Dans les dernières décennies, plus particulièrement avec la venue d’internet, la culture et les mœurs nord-américaines n’ont cessé d’évoluer à une vitesse fulgurante. Nous sommes devenus, sans même le réaliser, avides de nouveautés et de tendances culturelles en tout genre.
Pourtant, à plus de 10 000 km de nous, une tradition dont on ne peut même retracer l’origine exacte persiste : il s’agit de celle des « femmes-girafes ». Ces dernières font partie d’une petite communauté nommée Pa Dong, laquelle vit au sein de la tribu des Karennis –également appelés Karens Rouges. La tribu, jadis établie en Birmanie où elle vivait à l’intérieur d’un état quasi indépendant comportant son propre gouvernement et son armée, fut violement déportée jusqu’en Thaïlande dans les années 90. Vivant maintenant à la frontière des deux pays, un certain nombre de Pa Dong, qui furent emmenées avec la tribu des Karennis, sont devenues un quelconque attrape-touristes en raison de leur modification corporelle particulière.
Cette tradition ne consiste non pas en l’accumulation de plusieurs anneaux autour du cou, mais bien au port d’un long collier-spirale fait de cuivre. Le port de ce collier se fait dès l’âge de 5 ans et il sera remplacé par un plus grand au courant de la croissance de la jeune fille jusqu’à ce qu’il atteigne une trentaine de centimètre et pèse pas moins de neuf kilos! Contrairement à la croyance populaire, les colliers portés par ces femmes n’allongent pas le cou, mais en donne l’illusion en affaissant les clavicules et les cotes et en fragilisant les muscles tout autour du cou. Ainsi, le retrait du collier n’est pas mortel, mais les femmes l’évitent, leur cou étant quelque peu fragilisé et leur peau, meurtrie par le collier de cuivre qui devient en quelque sorte une extension corporelle. Certes, son port ne leur est pas obligatoire, mais nombreuses sont les femmes qui font le choix de le porter pour différentes raisons personnelles.
Par ailleurs, cet aspect particulier de la communauté des femmes-girafes sert d’attraction touristique lucrative. De nombreuses associations de défenses des droits de l’Homme dénoncent donc cette pratique, considérant les femmes exhibées comme dans une sorte de foire. Pourtant, pour les femmes de la communauté des Pa Dong, la conservation de leur tradition et le tourisme engendré par celle-ci leur est positive, puisqu’elle leur permet de participer activement financièrement dans la lutte que mène la tribu des Karennis afin de retourner là d’où ils viennent tous, en Birmanie. Effectivement, ceux-ci sont uniquement accueillis en Thaïlande sous un statut précaire et incertain, ne pouvant ni travailler ni se déplacer librement.
C’est donc fières de leur beauté, de leur tradition et de leurs idéaux que ces femmes perpétuent une tradition dont l’origine reste à ce jour un mystère.