Janvier. Mois de la rentrée, de la grippe et des inscriptions au gym suite à des prises de résolutions que personne ne tiendra. Alors que la neige ne nous émerveille plus et qu’on se remet tant bien que mal de la période des Fêtes, décidément, ça va mal. À mon humble avis, le plus grand drame du mois demeure la fin du Ciné-Cadeau. En faire son deuil est toute une épreuve après qu’il nous ait fait vivre un mois de nostalgie, bien emmitouflés dans notre douillette lors de séances intensives de cocooning.
On remet rarement en question ces films familiaux diffusés en plein après-midi. Après tout, quoi de plus inoffensif qu’une programmation télé destinée aux jeunes en congé? On se fie sur la sélection des diffuseurs pour nous épargner un bain de sang, des sacres ou toute autre démonstration pouvant avoir une mauvaise influence sur les enfants… FAUX!
OK, l’affirmation précédente n’est pas complètement erronée, mais ce n’est surement pas dans ces films que les fillettes se trouveront des modèles dignes de ce nom. Loin de moi les accusations d’hypersexualisation dans les médias. Ce dont je veux vous parler, c’est de présence féminine; ou plutôt d’absence, dans ce cas-ci. Vous seriez surpris par le nombre de films qui échouent au test Bechdel.
Le test Bechdel? Ça mange quoi en hiver? C’est une manière ultra simple d’évaluer si la gent féminine est bien représentée dans un film. Pour passer le test, il doit répondre à trois petits critères:
- Y a-t-il au moins deux femmes? On ne parle pas ici de poulettes en arrière-plan, les figurantes ne comptent pas.
- Se parlent-elles? Il faut un minimum d’une conversation entre filles.
- Parlent-elles d’autre chose que de garçons? Qu’elles débattent sur la physique quantique ou qu’elles se recommandent des marques de maquillage, peu importe.
Maintenant, révisez vos films coups de cœur en vous posant ces trois questions… Et puis, passent-ils le test?
Si Pulp Fiction est dans vos préférés, je vous annonce que non. Pareil pour Fight Club. Pas plus de chance pour l’intégralité de la trilogie de Lord of the Rings. Pas d’exception pour The Truman Show. Il en va de même pour Back to the Future. Pirates of the Caribbean n’échappe pas à la règle et le dernier Harry Potter non plus.
WOH! Time out!
Mais ces films ne sont pas sexistes du tout! Effectivement, le test Bechdel ne détermine pas le niveau de féminisme et encore moins la qualité des œuvres cinématographiques. Il ne fait qu’attester la représentation des femmes à l’écran. Prenons Lord of the Rings par exemple : Arwen, Eowyn et Galadriel sont des personnages féminins avec une force de caractère incroyable qui ne servent pas tout bonnement d’intérêt amoureux pour les héros. Par ailleurs, considérant la panoplie de personnages dans Middle-Earth, il est triste qu’on puisse compter les femmes sans même utiliser tous les doigts d’une seule main. De plus, elles ne se rencontrent jamais. Quelle importance? Aucune.
Cela attire tout simplement notre attention sur l’inexplicable rareté d’une représentation adéquate de la communauté féminine. Elle est tissée-serrée et consiste — croyez-le ou non — en la moitié de l’espèce humaine. Est-ce vraiment si dur de garder des proportions démographiques réalistes au cinéma? Nous ne vivons pas dans le monde des Schtroumpfs, les femmes ne sont pas des spécimens si rares.
À bien y penser, on entend souvent des statistiques déplorables sur les femmes en politique, dans le monde de la science ou dans d’autres domaines traditionnellement dominés par les hommes. Ne devrions-nous pas commencer par refléter cet objectif d’équilibre dans notre culture?
Photo: MorgueFile