Les années folles. Période marquée par une aspiration à la liberté et à l’euphorie, par une forte effervescence culturelle et intellectuelle ainsi que par une remise en cause des valeurs en vigueur. Une époque qui n’aurait su mieux représenter cette 35e édition de Cégeps en spectacle, une soirée mettant exclusivement de l’avant collégiens de tout genre, mais surtout, interprètes de l’art sous toutes ses formes.
C’est devant deux demoiselles parées de plumes et de paillettes que commence le spectacle. Fougueuses et ricaneuses, elles installent l’ambiance avec brio. Elles seront par le fait même les seules représentantes féminines de la soirée, l’édition 2014 étant exclusivement masculine.
Elles annoncent le premier candidat, Tristan Brunet-Dupont, qui nous offrira cinq compositions au chant et au piano. Et en français s’il-vous-plait. Ces compositions, elles me sont familières. C’est sur un vieux clavier déniché dans un Trift Shop de l’Ouest canadien qu’elles auront vu le jour. Après avoir animé soirées entre amis et feux de camp, elles se seront taillé une place à Cégeps en spectacle, rien de moins. Un bel accomplissement pour l’artiste que j’aurai eu la chance de voir évoluer et s’affirmer au cœur même du voyage. Comme quoi le périple est souvent synonyme d’introspection et d’affirmation de soi.
À la suite de l’auteur-compositeur-interprète, au tour d’un autre jeune homme, qui risque cette fois de nous en mettre plein la vue. Pour son numéro de burlesque (dois-je préciser que j’étais très curieuse de voir ce numéro), François Renard n’y va pas de main morte : mise en scène élaborée et nombreux changements de costumes pour nous mettre dans l’ambiance, tout doucement, sans nous brusquer. François est ici maitre dans l’art de la mise en scène. C’est finalement après avoir longuement mis la salle en haleine qu’on assiste à un strip-tease, avec ses déhanchements et ses poses langoureuses. Le bouquet final ? La culotte à paillette. Un numéro osé signé Renard.
On annonce maintenant Émile Dubé et Antoine Fortin au chant. Intriguée, je ne sais rien de plus de ce numéro à venir. En voyant les images du printemps érable émerger du projecteur, je me sais pourtant déjà conquise. Malheureusement, je me surprends à décrocher après un départ aux allures fragiles … Or, dès le deuxième morceau, assuré par Émile accompagné d’Antoine à la guitare, le numéro se voit revenir en force pour dépasser mes attentes, et de loin. J’assiste à de l’art, à sa forme brute, à celui qui permet de passer un message plus grand que son médium même, à travers des interprètes qui en livrent chaque parcelle avec un ressenti hypnotisant, sans détour, et feux d’artifice. Les deux jeunes hommes concluent finalement devant une salle passée sous silence, après ce tour de force alliant prose et musique.
C’est Samuel Roy qui prend la suite avec un numéro d’humour, bien ficelé du début à la fin. Le jeune homme de 17 ans n’éprouve aucune difficulté à faire embarquer la foule dans son univers. Selon lui, la nuance se trouve dans le contexte. Il nous en fera une démonstration impeccable en nous racontant avec moult détails à quel point une première fois peut être stressante … Au golf, bien évidemment. Et il continuera ainsi de berner le public avec une facilité déconcertante.
Avec tant de variété et de talent, on peut dire que le spectacle ne s’essouffle pas. Arrive l’avant-dernier candidat sous les feux des projecteurs : Christophe Marianne alias le « M ». Le jeune homme originaire de l’île de la Réunion fait dans le rap français et on peut dire que ça lui connait. Il enchaine chacune de ces compositions avec une aisance et une confiance remarquables, le tout dans une gestuelle assumée. On peut présumer que le « M» n’en est pas à sa première prestation.
C’est Yan Bienvenue qui complètera cet alignement masculin. Gagnant de la dernière édition régionale au sein du groupe de danse Hétérogène, il se lance cette fois en solo. Un pari qu’il réussira haut la main avec une performance alliant danse et mise en scène théâtrale. Avec une performance composée de divers types de danse, tous exécutés avec précision et style, on pourrait littéralement se croire en direct de So you think you can dance. Qui sait, peut-être verrons-nous un jour le jeune homme subir les foudres du célèbre Nigel ?
La 35e édition de Cégeps en spectacle se terminera par une deuxième partie tout en humour, assurée par Yannick de Martino, gagnant de la 11e édition d’« En route vers mon premier gala ». Quand on a devant nous un public étudiant, quoi de mieux que de commencer par une bonne blague de poudre et de manque d’éducation. L’humoriste l’a bien compris et parviendra à garder l’attention du public tout au long de sa performance des plus absurdes, à coup de blagues de bébés morts et de répliques lourdes ! Mes coups de coeur ? Lorsqu’il lancera à la foule « Vous êtes toutes des bitchs » et qu’il terminera par une magnifique interprétation de My heart will go on.
Avec une telle finale, on peut dire qu’on en aura vu de toutes le couleurs pour cette 35e édition de Cégeps en spectacle, qui s’avère encore une fois, un véritable succès.
Alignement de la soirée :
3e place : Tristan Brunet-Dupont, chant
2e place : Yan Bienvenue, danse
1re place : Christophe Marianne, chant
Photo : Facebook, Samuel Desrosiers