Comme toute vraie fille, j’ai souvent versé bien malgré moi quelques larmes devant LA fameuse scène finale d’un de ces nombreux films d’amour rodés à la perfection. Des productions aux scénarios tragiques qui ne manquent pas de nous faire rêver en grandeur pour ensuite démonter le tout avec brio. Avec La vie d’Adèle, chapitre 1 et 2, la mécanique a toutefois quelque peu différé.
Même s’il est sorti le 9 octobre dernier, c’est tout récemment que j’ai découvert avec fascination le dernier long-métrage d’Abdellatif Kechiche. Et quand on parle de long-métrage, le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure : 2h50 de montage final, sur plus de 250 heures de tournage initial.
Bien que le film puisse d’abord être simplement vu comme l’interprétation de l’amour entre deux jeunes femmes ainsi que ses répercussions sociales, celui-ci va beaucoup plus loin que ça. Il représente plutôt un regard intimiste sur un amour plus grand que nature, tirant sa grandeur d’une simplicité déroutante.
L’histoire, à la base, reste assez classique : Adèle, jeune femme de 15 ans, s’interroge sur son orientation sexuelle. Jusqu’à ce qu’elle trouve la réponse chez cette jeune femme aux cheveux bleus croisée à maintes reprises : Emma. Une fois le destin provoqué s’ensuit la passion des esprits et des corps qui s’apprivoisent. Et on suivra le quotidien de cet amour passionnel qu’on verra peu à peu s’éteindre.
Adèle. C’est par celle-ci que le film prend toute son ampleur. Par l’accès inédit qu’on a aux états d’âmes de la jeune femme, personnage aussi fascinant que déroutant, qui habite le film du début à la fin par sa folie et sa fragilité. On la voit complètement transportée par un amour hors de sa portée, qu’elle se doit d’apprivoiser malgré tout. Et qu’elle verra bien malgré elle éteint par le quotidien et les disparités sociales, sous-thèmes du film représentant le vrai drame de l’amour, en 2014.
J’ai déjà pleuré en voyant les Tristan et Iseult, Roméo et Juliette et Jack et Rose de ce monde se perdre par la mort et la tragédie. Mais jamais autant qu’en voyant une relation s’éteindre par la disparition du sentiment amoureux, autrefois si fort, simplement tué par le temps et les aléas de la vie.
Et ces larmes-là étaient assumées.
Acclamé à maintes reprises et ayant raflé la Palme d’or au festival de Cannes, La vie d’Adèle, chapitre 1 et 2 est un petit bijou cinématographique à voir absolument.
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