C’est le 30 mars que la troupe de théâtre du Cégep de Jonquière, Abztrackto, a transformé la scène du Café-Théâtre Côté-Cour en couvent à l’occasion de la représentation de Pieux Magot.
C’est dans une atmosphère intimiste que les actrices nous ont livré cette comédie de leur cru, fruit de plusieurs mois de préparation. La pièce, entièrement écrite à partir d’improvisations, explore le thème du vice chez les nonnes. La vente de leur couvent leur ayant rapporté une petite fortune, une question s’impose : que font des religieuses avec autant d’argent entre les mains? La réponse dévoilera au grand jour les fantasmes parfois scandaleux de ces femmes attachantes qu’on croyait à tort irréprochables. Les membres de la troupe exclusivement féminine étant à la fois auteures et comédiennes, beaucoup de pression reposait sur leurs épaules. Passant de criminalité à libido, elles ont osé pousser l’intrigue vers le ridicule en exploitant des sujets peu fréquemment associés au clergé. Comme l’a reconnu Madeleine Marchand, interprète de Mère Bernadette de La Bonté divine : « Tout vient de nous : le texte et son rendu. C’est pourquoi les rires sont si gratifiants. »
Quoique leur création ne soit aucunement engagée, elle soulève un débat intéressant quant au recul de la religion au sein de la société québécoise. La transition d’un catholicisme fervent à un athéisme indifférent a été très abrupte dans notre belle province. Non seulement l’élément déclencheur de la pièce est-il la vente d’un couvent – phénomène de plus en plus fréquent de nos jours-, mais les étudiantes n’ont pas eu peur d’écorcher à vif les sœurs en s’aventurant dans les thèmes de la sexualité et de leur passé obscur. Ce qui aurait été impensable il n’y a pas si longtemps de cela s’avère aujourd’hui un outil humoristique efficace de par son absurdité. La troupe a su l’utiliser à son avantage : l’édition 2014 tirant à peine à sa fin, elle nous a déjà mis l’eau à la bouche pour l’an prochain.