Dès la naissance, on nous apprend que le rose est pour les filles et le bleu, pour les garçons. Même si ce code de couleurs semble coulé dans le béton aujourd’hui, il n’en a pas toujours été ainsi.
Tu veux rire un bon coup? Va fouiller dans les vieux albums photos familiaux. La première étape devrait déjà suffire, mais fouine jusqu’à l’enfance de tes grands-parents ou même de tes arrière-grands-parents. Tu constateras que la mode évolue bien plus qu’on ne peut le penser. Avec un peu de chance, tes aïeuls suivaient peut-être la tendance de l’époque selon laquelle tous les enfants portaient les cheveux longs et des robes blanches jusqu’à l’âge de 6-7 ans. Vers la fin du XIXe siècle, ce look androgyne était la norme et les couleurs attribuées à chaque sexe étaient même inversées. Le bleu, associé à la Vierge Marie en plus d’être qualifié de couleur délicate, était de mise pour les filles. Le rose, lui, était perçu comme plus tranchant et sa proximité au rouge, évocateur de la guerre, le rendait tout désigné pour les garçons.
Aujourd’hui, on ne se pose même plus la question : les standards sont bien définis. Les parents qui refusent de connaître le sexe du bébé avant la naissance décorent sa chambre avec souci de neutralité en la peinturant d’une couleur dite unisexe comme le jaune. Ont-ils peur qu’une fille grandissant au sein de murs bleus se métamorphose en Bruce Willis? Mon grand-père n’est pourtant pas devenu drag queen!
Cette normativité de l’éducation selon le genre doit cesser. Elle est tout simplement inutile au niveau des couleurs, mais son ingérence dans le subconscient des parents peut carrément limiter les perspectives de l’enfant. Des études démontrent que les fillettes sont surprotégées parce qu’on sous-estime leur force physique : par conséquent, elles ne développent pas leurs muscles autant que les garçons. Le stéréotype selon lequel ces derniers sont plus athlétiques s’avère donc exact, mais c’est une histoire de conditionnement et non de nature! C’est du pareil au même pour l’émotivité. Sans le savoir, les mères tendent davantage à ignorer les crises de leurs bébés garçons pour les endurcir. Ce n’est donc pas une histoire de biologie, mais bien de prophéties qui s’autoréalisent. C’est pour répondre aux attentes que les enfants rentrent dans les moules sociaux et concrétisent les stéréotypes. Pour la jeune femme qui rêve d’être pompière, mais qui n’a pas le physique de l’emploi, pour le petit garçon qui préfère les poupées aux camions ; mettons fin à ce cercle vicieux.
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