Jeudi 12 juin, 19H00 à 22H00 : la fois où j’ai consommé une toute nouvelle substance, si on peut appeler ça comme ça. On m’avait dit que ça pouvait causer des étourdissements, des crampes au visage liées à une envie incontrôlable de rire et, surtout, une dépendance immédiate. Comme je suis une fille qui aime vivre dangereusement (le genre de fille qui part de chez elle vraiment flush pour aller prendre le bus de ville, t’sais veux dire), vous comprendrez que j’ai zéro hésité. J’y suis allée à fond, en inspirant bien profondément : c’était comme une bouffée d’air frais, teintée d’une saveur et d’une odeur particulières qui saisissent. Puis, en expirant, le fou rire me prend – on ne m’avait pas dit que j’en aurais mal aux abdos! Alors… c’est ça que ça fait quand ils parlent de «consommer de l’humour»?
Je n’ai jamais vraiment eu le réflexe de consommer de l’humour comme j’ai celui de consommer de la musique en live, un besoin presqu’aussi vital que celui de respirer. Tout le monde devrait s’en faire prescrire.
Le nez de clown qui pendait au bout du cordon que j’avais au cou pendant ces trois heures passées au Cabaret du Capitole deviendra clairement mon meilleur ami jusqu’au 22 juin. C’est la date à laquelle je pleurerai de voir le Festival Grand Rire de Québec prendre ses clics et ses clacs pour dire «À l’année prochaine». Parce que oui, je serai triste : voir un spectacle d’humour dans une tivi est une chose, mais le voir en direct en est une tout autre.
Ce fut une soirée ô combien rafraîchissante, non pas à cause de la pluie, mais bien parce que c’est la relève qui était au menu. Même si je n’ai pas de boule de cristal, je peux vous assurer que vous aurez plus que la dose de rires recommandée dans les prochaines années!
En entrée, c’est à Trois gars aussi doués à trouver l’amour qu’un titre de show qu’on a eu droit. Un portrait rapide des trois Don Juan : un qui «pogne» pas parce qu’on le croit gay à tort, l’autre qui «pognerait» mais qui déballe ses projets de mariage dès la première date, et l’autre qui se ramène une fille différente à chaque soir. Tout tourne autour du sexe et des filles, et ça prend un virage assez cocasse lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ont rendez-vous avec la même fille..! Tantôt en trio à papoter, tantôt en solo à nous parler de leur quête personnelle : on les a aimés d’une manière autant que de l’autre. Quelques petits bogues, oublis ou dérogations du texte ont fait leur charme et ont fait rire. Mais, juste comme ça, en passant, Rabii, c’est zéro subtile de lire les notes écrites au feutre noir dans ta main gauche quand t’es sur scène directement en-dessous d’un spotlight..!
Le plat de résistance était tout chaud, fraîchement sorti de l’École nationale de l’humour. Douze nouveaux humoristes prêts à fouler les planches des salles du Québec entier pour vous prouver qu’ils ont maintenant tout ce qu’il faut pour vous faire rire. À entendre le public et à trop me sentir les abdominaux, je confirme qu’ils relèvent leur mandat avec brio! Les huit gars et les quatre filles étaient bien décidés à montrer leur personnalité unique et colorée en nous parlant de la perte d’un permis de conduire, puis du désir d’avoir des enfants pour s’aventurer du côté du sport extrême. J’ai même eu droit à une sérénade de la part d’un certain Jose Juan, ah que sì amigos. Ce sont ses yeux dans les miens qu’il grattait sa guitare tout en me chantant en espagnol avec un sexy accent rien de moins que ses mots les plus sincères à propos…d’une recette d’omelette?! HA HA HA! J’ai ri et rougi assez fort merci! Du terrain, ils en ont couvert encore plus que vous ne pouvez le croire avec leurs numéros, vraiment très beaucoup plus. J’suis pas pour vous donner les punchs quand même, faut aller les voir pour comprendre! Mes coups de cœur : Alexandre Bouchard, Marie-Lyne Joncas, Ève Côtier, Joe Guérin et Christopher Reggiani, alias Jose Juan.
«Peut causer une dépendance immédiate» : je confirme. Ça fait oublier tous les soucis et ça te fait ressembler au symbole universel de personne joyeuse, t’sais le fameux bonhomme sourire jaune. Qui ressemble étrangement au jaune d’un œuf quand tu le casses pour le faire cuire. Juste avant que tu fasses une omelette avec.
L’humour, c’est à consommer sans modération. C’est santé. Comme des omelettes. Pis en plus, j’ai une nouvelle recette.