Je n’étais jamais arrêtée à Trois-Rivières avant. Entre Montréal et Québec, Montréal et Jonquière, Trois-Rivières n’avait été que le long viaduc aux allures de la Métropolitaine. Hier soir, j’y suis entrée par la force des choses : on m’offrait sur un plateau d’argent trois grands noms de la musique d’ici. Heureusement que La Cerise a accepté avec joie cette belle collaboration avec le festival, sinon je serais passée à côté de quelque chose qui sera très grand un jour. Le Festivoix est grand et beau. Et la soirée du 4 juillet l’a définitivement placé «su’a map» comme on se plaît à dire.
Scène des Ursulines 19h : Du sexe et du sombre sous les saules pleureurs
Pierre Lapointe s’en est tenu à sa formule éclectique, assourdissante, noire. C’est ça, Punkt. Là, à l’ombre des saules pleureurs, au milieu du jardin de l’ancien couvent des Ursulines, le chanteur populaire a gagné son public. Encore une fois. Pierre Le Grand a fait rire et a ému la foule. En 90 minutes, il a servi des parcelles de Punkt, son «spectacle sexuel extraordinaire» – c’est lui qui le dit! – en y ajoutant des touches sombres, acerbes, tout droit sorties de ses anciens albums. Des chansons tristes qui ont tôt fait de déclencher des murmures dans la foule. Drôle de choix pour un festival d’été. Au final, avec cette voix toujours belle, cette note toujours juste, ces paroles enveloppantes, la foule n’est pas repartie sans chagrin ni joie explosive. On ne sort jamais indemne d’un spectacle de Pierre Lapointe.
Scène Loto-Québec 21h30 : Du vrai bon Indie pop d’ici!
Groenland. Groupe indie pop montréalais encore trop méconnu sur la scène provinciale. Leur album The Chase est un bonbon d’été au goût doux et mélancolique. Sur scène, ils font un tabac. Plein d’énergie, revigorant, lumineux, Groenland a enflammé la scène, envoûté la foule nombreuse qu’on pouvait supposer en place pour Half Moon Run (HMR). Ceux qui ne les connaissaient pas en sont nécessairement tombés amoureux. Les autres semblaient ravis. On en aurait voulu plus. Moins d’une heure plus tard, le groupe quittait la scène, visiblement ému et heureux. HMR embarquait 30 minutes plus tard.
Scène Loto-Québec 22h30 : Un show impossible
Dans ma tête, c’était impossible. Impossible de reproduire avec justesse les pistes du succulent Dark Eyes. J’attendais donc ce groupe bien-aimé, avec une peur profonde au ventre. Et pourtant. Les membres de Half Moon Run ont un talent qui fait frissonner. Chaque chanson entamée durant le long spectacle du célèbre groupe montréalais (d’adoption) laissait perplexe. Ils ont repris sans gêne, avec une facilité déconcertante leurs succès d’album. Il faut dire que leurs mélodies sont complexes; le chant, difficile (du moins qui le devrait). Mais hier, c’était comme faire «Play» sur son walkman et regarder les gars se déchaîner devant une immense foule excitée qui chantait à tue-tête. C’était de qualité, et beau à voir. Ils ont servi aux Trifluviens près de 90 minutes de spectacle, trois rappels et des chansons inédites, jouées pour la première fois sur cette scène. Il ne fallait pas manquer ça.
On attend donc un second album ainsi qu’une renommée qui va éclater mondialement dans les prochaines années. Garanti.
Notre journaliste Laurence Richard est une collaboratrice invitée pour le blogue du Festivoix!
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