Et si on plongeait? Et si on ne prenait pas la peine de penser aux conséquences que cette action pouvait engendrer? Et si on sautait à pieds joints et les yeux clos sur l’occasion qui se présente à nous? Et si on vivait le moment présent sans penser à l’avenir? Tu emprunterais le chemin de l’inconnu ou pas? Te laisserais-tu pousser par le vent?
L’inconnu: endroit si vaste, si terrorisant, mais si excitant à la fois. Endroit aux possibilités infinies, aux rencontres édifiantes. Demeurer sans réponse lorsqu’on nous demande où seras-tu dans un mois, une semaine, demain? Laisser tomber les plans, les listes ou tout autre signe d’organisation quelconque. Vivre comme si demain n’existait pas et comme si l’avenir nous appartenait en même temps. Vivre comme si soudainement un être tout-puissant nous avait donné des ailes et avait éliminé toutes barrières de notre chemin. Vivre et être libre comme l’air, tout simplement!
Se promener avec rien dans les poches comme si l’argent poussait véritablement dans les arbres ou tombait du ciel. Se salir les mains pour obtenir ce qu’on veut et apprendre à se débrouiller avec le strict minimum; et malgré tout, ne jamais craindre de manquer de quoi que ce soit. Vivre au gré des saisons et danser sous la pluie au lieu de la fuir. Faire fondre les flocons de neige sur sa langue au lieu de se couvrir la tête en espérant éviter ces petites ouates froides et mouillées. Laisser les rayons du soleil caresser sa peau au lieu de se précipiter sous un arbre faisant office d’une petite parcelle d’ombre. Faire honneur aux beautés de Mère Nature finalement.
Sauter dans le premier train, lancer une flèche sur une carte du monde, acheter des billets d’avion pour une destination surprise, oser mettre les pieds partout où la route te mène. Serais-tu game de plonger ainsi dans les profondeurs de l’inexploré? Je sens un brin d’hésitation ici. Et pourquoi pas? N’est-ce pas là la meilleure preuve de courage, d’ouverture d’esprit et de spontanéité? À ton retour, ta boîte de Lucky Charms trônera toujours sur l’étagère centrale du garde-manger, ton lit sera toujours habillé de ton couvre-lit fleuri et ton chien, des moins rancuniers, branlera joyeusement la queue en te voyant passer le pas de la porte. Rien n’aura changé, tout sera exactement comme tu l’as laissé!
Sache que qui ne risque rien, n’a rien et qu’en refusant de suspendre ta routine de toasts au «beurre de pine» et boulot au bureau de 8 à 4, tu tournes le dos à d’enrichissantes rencontres et restes démunie d’anecdotes voyage à raconter à tes futurs petits-enfants. Lorsque tu te berceras sur ta vieille chaise berçante qui fait cric-crac, peut-être auras-tu le cœur lourd de ne pas avoir suffisamment usé tes souliers sur le dos de la liberté… Ça, c’est Éric Lapointe qui le dit.
Photo: We Heart It