C’est l’automne. Y commence à faire pas chaud chaud. Les feuilles changent de couleur. Pis elles tombent aussi, hein, faut pas oublier ça. Selon les plus récents articles que j’ai lus sur le nombre pas calculable de blogues que j’ai visités, c’est ça qui s’passe sur Terre en ce moment. Dame Nature est genre dans sa semaine/ménopause/bref. Pis selon le continent blogue d’la planète Internet, pour faire face à la p’tite crise de changement de saison de Dame Nature, on fait tous la même affaire.
Ouin. Ça a l’air que tout d’un coup, on s’enferme tous chez nous pour s’enrouler dans une couverture pour écouter d’la musique, lire ou ben se taper des films pis des séries en quantité industrielle, toi chose. Ah, pis faudrait pas oublier qu’on boit du thé en même temps que tout ça.
Non mais là. Siouplait. Est-ce qu’on peut changer de cassette?
C’est cliché. Pis ça me gosse.
Depuis que l’automne se pointe le bout du nez, au lieu d’aller se terrer dans notre chez nous, est-ce qu’on peut profiter du p’tit bout d’été qui essaye de refaire surface de temps en temps? Est-ce qu’on peut dire au monde de faire autre chose? Ça s’peut tu?
Pis misteur sunshine, c’est pas parce que le mois de septembre s’est invité qu’il se pousse et qu’il s’en va se faire une couverte en bouts de ouates de nuages pour se cacher. Nope, il reste là. Pis moi je reste dehors avec lui.
Quand on enfile un cardigan, un foulard pis des jeans, l’automne c’est une saison sur la grosse coche. Ouais madame/monsieur !
Cueillir des pommes; marcher dans les sentiers pédestres tracés au milieu d’une mer de feuilles rouges, oranges et jaunes; piquer une course matinale à 7h juste pour voir le petit nuage qui s’échappe d’entre tes lèvres à cause de ta respiration haletante.
J’me relis, pis j’trouve ça quand même un peu cliché mes p’tites activités.
J’me regarde en train d’écrire mon article, pis j’me rends compte que si j’suis vraiment en train de faire c’que j’fais, ben je gosse.
Je me regarde. Pis j’regarde autour de moi.
Je suis enveloppée dans une couverture, ma TV ouverte est sur mute parce que j’écoute le CD de The Franklin Electric. Je détourne mon regard pour voir, posés à ma droite sur la table, une tasse de thé pis un livre.
Bon. Je me gosse. Ça y est.
Je critique le cliché. Mais dans le fond, le cliché me fitte parfaitement.
Je suis le cliché.
Parfois on critique, on pense qu’on est out of the box pis que ça ne nous concerne donc pas le moule déjà tout fait qu’on nous met sous le nez.
Parfois on critique, pis on se rend compte que le moule est ben ben confortable, pis que c’est même agréable de fitter dedans.
Être unique pi sortir de l’ordinaire, on l’est à temps plein en faisant «juste» être.
Est-ce qu’on peut prendre un break de temps en temps?
Y’a pas de gêne à vouloir chiller ben molo dans le moule.
Surtout quand c’est entouré de meilleurs amis pas gênants comme le thé chaï à la citrouille, la musique pis les mots.
«On peut tu changer de cassette?»
Non, on peut mettre la même en boucle un petit bout. Pis même appuyer à nouveau sur play quand elle s’arrête.
Fittez donc dans le moule des fois, ça fait du bien.
En «juste» étant, vous pouvez y fitter à votre manière — oubliez pas ça.
Photo: Maude Boutet