On a tous entendu parler du discours qu’a livré Emma Watson à l’assemblée de l’ONU. Il s’agissait de féminisme, d’égalité hommes-femmes, du pouvoir des hommes à changer les préjugés et les préjudices faits aux femmes.
Emma Watson, nommée ambassadrice pour les droits des femmes à l’ONU il y a quelques jours, a relancé le débat sur l’égalité des sexes. De là, il faut bien comprendre que la bataille des femmes n’est pas terminée, ni gagnée malgré que nous soyons riches, malgré que nous vivions du bon côté de la planète, malgré que nous mettions sur le marché de jolis robots(!).
Emma Watson, de belle volonté, a invité les hommes à aider les femmes, à faire partie de la légion féministe (sans blague).
Par contre, il me semble que la clé soit tout autre.
De fait, il est grand temps que nous nous bottions le derrière un peu. Les pétitions, les marches, les manifestations, les statuts publics, c’est beau… ça peut marcher pour quelques minutes, quelques heures peut-être.
Et si chacune de nous se prenait en main plutôt? Et si on arrêtait de déplorer nous-mêmes notre sexe, comme nos arrière-grands-mères apprenaient à le faire malgré elles? Je vous donne un exemple.
Il y a quelques jours, mon pneu a crevé de façon lamentable. Je ne savais pas changé un pneu. Je ne savais même pas que tous les outils dont j’avais besoin sommeillaient dans mon coffre. La galère.
En rentrant chez moi, j’ai bien vu que chaque gars assis au salon en était pourtant capable. Pourquoi donc? Parce que les pères, en général, ne montrent pas ça à leurs filles? Non, non. C’est parce que je n’ai jamais demandé à ce qu’on me montre comment faire.
C’était donc ma faute, pas celle de toutes les entités mâles du continent. Inconsciemment ou non, je m’étais faite à l’idée que je n’avais pas à faire ça, que c’était les gars qui changeaient les pneus dans la vie.
Je me disais féministe : j’ai raté. J’ai abandonné; je n’ai pas su, ni demandé parce que je suis une fille. Constat lâche et malheureux. C’est comme se faire gober par ses propres préjugés : ça fait hyper mal au cœur et à l’esprit.
J’ai dressé la liste des choses que je ne savais pas faire dans la vie pratique et que je laissais toujours aux hommes de ma vie. À ce jour, elle contient «changer une ampoule», «couper un homard en deux» et «monter un meuble de la compagnie suédoise».
La prochaine fois, c’est moi qui ferai tout ça. Vous savez, chaque bataille se gagne grâce aux petits et très petits pas. Il faut simplement arracher nos propres barrières et commencer quelque part.
C’est parti?
Photo: UN Women