Féminisme: Mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique; doctrine, idéologie correspondante. (Lexilogos)
Le féminisme, c’est être égales aux hommes. Pour ça, il faut aussi que les hommes soient nos égaux dans certains domaines.
Benoît Paquette cumule 50 ans d’expérience, il a une femme, il est un père de famille et un homme au grand cœur. Pourtant, il est souvent interrogé sur son orientation sexuelle. M. Paquette est coiffeur, voilà pourquoi certaines personnes trouvent qu’il est normal de poser ce genre de questions. Il s’agit d’un signe que les préjugés entourant cette profession persistent toujours.
Benoît Paquette a été l’un des premiers coiffeurs au Saguenay. À ses débuts, il y a 50 ans, il a connu une grande popularité. «Les gars apportent quelque chose de différent à la coiffure féminine, ils ont un œil plus extérieur», précise-t-il. Il n’a pas dû attendre très longtemps avant qu’il puisse devenir propriétaire d’un salon, une réalité bien distincte de la plupart des coiffeuses à l’époque.
Encore aujourd’hui, les hommes ont moins de difficulté à intégrer le marché du travail dans un métier traditionnellement féminin, c’est-à-dire une occupation où l’on retrouve moins de 30 % d’hommes. C’est différent pour les filles qui sont plus propices à se faire intimider, croit la conseillère pédagogique du Centre de formation professionnelle (CFP) de Jonquière, Sandra Tremblay. Il est aussi plus toléré pour les filles de pratiquer un métier masculin alors que les hommes sont plus souvent ridiculisés.
Chapeau, les filles!
Les filles sont aussi plus encouragées à travailler dans des disciplines à prédominance masculine. Il existe d’ailleurs un concours, «Chapeau, les filles» pour encourager les femmes à étudier dans un secteur d’activité où les hommes constituent la majorité des employés. Je salue ce concours, que je trouve tout à fait pertinent, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’aucun concours de ce genre n’existe pour les hommes.
En outre, il y a très peu de documentation à ce sujet. Les recherches concernant les femmes dans des métiers masculins sont, au contraire, beaucoup plus nombreuses. «C’est vrai que ça serait bien d’inciter les hommes à étudier dans des domaines féminins. Cela pourrait empêcher de catégoriser certaines professions comme des métiers de femme», souligne Mme Tremblay.
Il y aurait toutefois moins de clientèle pour ce genre de concours estime, Sandra Tremblay. «Il y a environ 65 filles qui étudient dans des domaines masculins alors que je compte deux étudiants en décoration en ce moment. Je ne peux pas me rappeler la dernière fois que des garçons ont étudié en secrétariat», fait-elle valoir.
Même son de cloche du côté de Benoît Paquette: «Je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas de concours pour les hommes. Les jeunes coiffeurs n’ont pas nécessairement les ressources pour se lancer en affaires, le milieu est vraiment plus difficile de nos jours.»
Préjugés persistants
Malgré les années, de nombreux préjugés existent encore chez les coiffeurs. «La première fois que j’ai parlé aux propriétaires du salon Dimension Coiffure, elles m’ont demandé si j’avais un chum. Ça fait 50 ans que je suis marié et je suis père», insiste Benoît Paquette. Sa fille a d’ailleurs dû déménager assez jeune, parce qu’elle était l’objet de moquerie des adolescents à son école en raison du métier de son père.
«Mon père ne voulait pas que je devienne coiffeur, il disait que ça ferait trop fifi. Il a essayé de me dissuader, mais la passion était plus forte», affirme M. Paquette. Le coiffeur de 67 ans croit que c’est plus laborieux pour les gars hétérosexuels, puisque le jugement des autres est très dur.
Photo: Jade Pinard