Je suis loin d’être une fille violente. Tsé le genre de fille qui se fait rire en pleine face quand elle prend son air menaçant. Selon toutes vraisemblances, je suis aussi crédible et féroce qu’un chaton. Mais là, je suis toute seule dans mon appartement et j’ai envie de sortir me griffes pour te garocher au bout de mes bras.
Cellulaire, même si j’ai des petits bras de poulet, je te garantis que ton atterrissage sur un de mes murs te ferait éclater en milles morceaux. Et ça me ferait grandement plaisir parce que voilà : je suis rendue incapable de te supporter.
Je suis saturée, tout comme ta mémoire de 8go l’est. Saturée et franchement écœurée que tu permettes à la planète entière de pouvoir me rejoindre n’importe où 24 heures sur 24.
«T’as pas vu mon message texte ni mon inbox Facebook hier? Ben voyons, y’était juste 22h.» Ah parce que juste au cas où tu déciderais de t’inviter dans mon lit je devrais rester éveillée? Ben oui toi.
«Coudonc t’es ben bête». Ah parce que si je ne mets pas de «:)» après chaque mot que j’écris pour répondre à ton message texte je suis bête comme le grinch? Ben oui toi.
J’ai une écœurantite aigue. Tellement aigue que je ressens l’urgent besoin de composer le 911 pour que quelqu’un me sorte du monde virtuel. Je me sens comme le grinch: verte et contrariée avec pour seule envie celle de me trouver une grotte où les ondes cellulaires ne se rendent pas.
C’est assez. Durant le temps des fêtes, je tire la plug.
Je vais me faire un malin plaisir à oublier de te brancher pour me recharger moi. Je compte bien débrancher mon cerveau pour le reconnecter sur la réalité : parcourir mon petit bout de planète au lieu de cliquer sur celle de mes notifications Facebook.
Je compte lire un livre plutôt que de scruter les pages infinies d’Internet. Aimer au lieu de liker. Partager des moments en famille à la place de partager des photos de chat. Je pense bien que je vais modifier les paroles de la chanson de Mitsou pour Bye bye mon cellulaire au lieu de Bye Bye mon cowboy. (Si vous croisez un cowboy style Luke Bryan, je ne dis pas non à en recevoir un en cadeau by the way. Je dis ça de même là.)
Cellulaire, je ne vais pas te mettre sur le mode vibration ni sur le mode nuit. Tu ne seras pas non plus sur le mode avion et ta sonnerie n’aura jamais été aussi silencieuse. Pour une des rares fois de ta vie, je t’é-tein-drai. Point final.
Tu m’énarves et mon vase à atteint sa capacité maximale : là ça va déborder et/ou exploser.
Cellulaire, je ne te haïs pas totalement et ma frustration ne sera pas éternelle. J’ai juste besoin d’un break. Pour la prochaine année, je me donne un défi.
Je me fais la promesse de ne plus me rendre à l’état «chaton féroce qui sort les griffes». Pour y arriver, je me jure de tirer la plug au moins chaque dimanche pour me recharger à grand coup d’air frais et de «j’aime» bien réel.
Je me promets d’apprendre à valser avec toi, cher cellulaire, au lieu de vouloir te faire valser dans un mur. On peut même valser sur Bye Bye mon cowboy si tu veux.