La majorité de nos vêtements sont fabriqués dans les pays les plus pauvres du globe, par des ouvriers sous-payés. Une série norvégienne appelée Sweatshop envoie des jeunes accros à la mode découvrir l’envers du décor. Entrevue avec Anniken Jorgensen, une participante.
Il y a maintenant 1 an, Anniken, la blogueuse de mode la plus lue en Norvège, a pris l’avion direction Cambodge. Un voyage qui la changera à tout jamais. «J’étais à un point dans ma vie où j’avais besoin de changement. J’ai reçu l’offre et je l’ai acceptée sans réellement savoir dans quoi je m’embarquais», raconte-t-elle. Quelques semaines plus tard, c’était le grand départ.
Aussitôt sortie de l’avion, Anniken vécut son premier choc. «L’air était sec, il y avait tellement de poussière dans l’air qu’on ne voyait pas le soleil», confie-t-elle. À ce moment, elle n’avait encore rien vu. Elle a vécu dans la maison d’une ouvrière cambodgienne, à peine plus grande que sa salle de bain. Elle a travaillé toute une journée dans une manufacture et le soir venu elle a tenté de se nourrir avec son salaire de misère. Mais ce qui l’a le plus choquée, c’est le témoignage d’une jeune fille de son âge, qui travaille depuis des années dans ces conditions, pour aider son père à nourrir ses frères et sœurs. Sa mère étant morte de faim, elle est le seul espoir de survie de sa famille. «C’était vraiment dur à entendre», ajoute Anniken.
Le retour à la vie normale a été très difficile pour la blogueuse. Mais elle ne regrette rien. Elle le referait n’importe quand. Ça ne saurait tarder, semble-t-il… «Il y a des petites rumeurs qui concernent un autre voyage», mais elle ne peut m’en dire plus.
Elle continue d’être très active sur son blogue et sur les réseaux sociaux. Elle aime encore autant la mode et continue d’être à l’affut des tendances. «Je suis une adolescente comme les autres, je ne peux pas être nue!» dit-elle. Par contre, elle n’achète plus aucun vêtement qui provient du Cambodge et elle n’a pas mis les pieds dans un H&M depuis son retour. Selon elle, le problème ce n’est pas le consommateur, ce sont les compagnies qui sont en tort. «Ils maltraitent leurs employés qui ne demandent pas plus que 160 $ par année pour vivre. Leur travail ne changera pas, mais il pourrait être beaucoup plus supportable avec des heures de travail raisonnables et des conditions plus humaines! Ils n’ont même pas le droit d’apporter de l’eau dans l’atelier pour ne pas en renverser sur les vêtements, c’est dégueulasse.»
Selon Anniken, le meilleur moyen d’aider, c’est de dénoncer et de réduire notre consommation. «Je ne sais pas par où commencer, le problème est tellement énorme. Je fais mon possible pour que les choses progressent.» Au courant de l’été, elle a rencontré le p.-d.g. d’H&M pour lui faire part de ses impressions. «Ce n’est pas facile de leur faire comprendre, surtout quand on est une jeune blogueuse de mode blonde, ça vient avec des préjugés», confie-t-elle. Malgré tout, la série Sweatshop a contribué à changer la mentalité des gens qui l’ont vue. Il y a quelques mois, la Norvège a changé les règles en ce qui concerne l’importation de vêtements, un pas dans la bonne direction.
Pour écouter les cinq épisodes de Sweatshop.
Pour suivre Anniken sur son blog, Facebook et Instagram.
Photo: Page Facebook d’Anniken