Jambes élancées, lèvres pulpeuses, cheveux longs et dorés. Courbes aguichantes, décolleté plongeant et robe ajustée. On l’appelle Barbie. Évidemment, Barbie a déjà trouvé son Ken. Or, dans le cadre de son emploi de barmaid, on lui exige de «vendre un rêve» aux autres hommes malgré cette union. Une drôle d’antithèse puisque le peu de tissu qui la couvre laisse peu de place à l’imagination.
Ce soir, si Barbie a lissé ses cheveux et s’est barbouillé les lèvres de rouge, c’est que le bruit de l’argent jeté sur le comptoir du bar est sa principale source de motivation.
Quoi qu’on en dise, les standards de beauté pour passer de devant le bar à derrière sont assez élevés. La beauté fait vendre, la beauté nous attire.
Un regard incendiaire, cinquante sous.
Un clin d’œil et un sourire engageant, une piasse.
Des pommes de fesses dénudées, soixante-quinze sous.
Des seins exposés par un décolleté plongeant, deux piasses.
Une brunette, une piasse et vingt-cinq.
Une blondinette, deux piasses et cinquante.
Il va sans dire que les atouts féminins de Barbie lui rapportent gros…
«Une blonde gagne plus de tip qu’une brune » affirme l’ex-barman, Samuel Murray. À ses yeux, cette réalité est directement liée au stéréotype de la blonde niaise. Dans un tel contexte, l’intelligence et la force de caractère que dégagent les brunes émoustillent peu le sexe opposé.
De son côté, la barmaid du bar universitaire La Chasse-Galerie, Marie-Pierre Pruneau, déclare avoir déjà amassé 400$ en une soirée de travail. «On me voyait au complet, j’en ai entendu parler pendant six mois!» Des micros-shorts, un t-shirt transparent trop échancré : voilà la clef de son succès.
Derrière le comptoir, ces employés de nuit «jouent une game». Les numéros de téléphone laissés par des clients assoiffés d’érotisme s’empilent et les confidences susurrées à l’oreille des barmans se multiplient. Or, «98% de ces oiseaux de nuit sont en couple», révèle Marie-Pierre Pruneau. Le jeu de séduction auquel ils se livrent est une tactique infaillible pour démunir plusieurs poches de leurs huards.
Toutefois, malgré le fait que les hommes soient parfois plus généreux que la gent féminine, la technique du «premier arrivé, premier servi» s’applique au moment de servir un client altéré. Barmaid dans un pub depuis bientôt huit ans, Julie Goyette prétend que les femmes appâtent la clientèle masculine. Il est donc fondamental de les servir dans les règles de l’art.
Dans le cas où un homme verse son shooter à un autre mâle, l’absence de masses graisseuses sur sa poitrine diminuera ses chances de récolter autant de pièces d’or que sa collègue. Le cégépien Benjamin Maniraguha admet ne pas laisser de pourboire aux barmans, alors que son ami avoue «donner 1$ pour être respectueux» -soit la moitié de ce qu’il octroi à une jolie demoiselle-.
Une question demeure : quel montant un consommateur doit-il allouer à une barmaid pour la remercier de son service ?Lorsque Barbie ouvre une bière, verse un shooter de vodka ou mélange du rhum et du coke dans un verre, elle s’attend à recevoir au moins un dollar par consommation. Les trois barmans interrogés sont d’ailleurs unanimes à ce sujet.
Bref, tout ça donne soif ! Je vais aller me verser un bon verre d’eau, me regarder dans le miroir et me dire que ce soir, ma face vaut probablement cinquante cennes de tip …
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