Texte écrit en collaboration avec une étudiante du Cégep du Vieux Montréal, Cécile Tousignant
Souviens-toi, souviens-toi de ce 13 de février, de ces cris dans ta tête et de ce cauchemar qui était bien réel. Souviens-toi de ce jour, souviens-t’en, à l’oubli je ne peux me résoudre. Mais qu’en était-il d’elle? Qui était-elle vraiment? Comment était-elle? Je sais qu’elle s’appelait Catherine Di Meo et je sais qu’en 2014, elle fut happée par une voiture.
J’en sais bien plus, mais le passé ne m’importe guère, maintenant. On nous dit de nous souvenir de la personne et non du mort, parce que c’est le seul moyen de ne pas l’oublier. C’est pourquoi tu dois te souvenir de son sourire et non des tubes qui la transperçaient à l’hôpital. Souviens-toi, souviens-toi de son teint halé et non du voile mauvâtre qui l’a remplacé. Souviens-toi des jours avant l’accident, quand une partie de ton innocence était encore préservée.
Ma tête est remplie de souvenirs qui ne cessent de tourbillonner. Pourtant, ces souvenirs peuvent être modifiés, ils peuvent être altérés et tomber dans l’oubli. Les souvenirs s’estompent, alors qu’après des années, l’amour porté à un être peut encore changer le monde. N’oubli pas cela.
Je connais d’expérience le pouvoir de l’amour. J’ai vu des Hommes devenir fous en son nom et blesser en le défendant. Mais on ne peut embrasser l’amour. On ne peut le toucher ou le serrer contre soi. L’amour ne saigne pas, il ne ressent pas la douleur, et il ne peut pas pleurer. C’est un sentiment, rien de plus.
Et ce n’est pas le sentiment qui me manque ; ce qui me manque c’est une femme. Une femme qui a fait en sorte que le 13 février soit une date à la fois importante et effrayante pour moi. Une femme que je ne me résoudrai jamais à oublier.
Alors souviens-toi du 13 février 2014 avec moi. Laisse sortir la rage que cette injustice crée en toi. Comme l’a si bien écrit William Shakespeare dans sa pièce Macbeth : «Je suis un homme monseigneur, que les vicissitudes de la vie et les coups bas ont tant fait enrager qu’il se sent prêt à tout pour lui cracher au visage». Ainsi, le 20 février 2015, lorsque le ciel sera de la couleur du charbon, tu verras, devant le pavillon Joseph-Angers du Cégep de Jonquière, des lumières d’espoirs. Viens te joindre à nous pour la Marche commémorative pour la sécurité piétonnière: viens te joindre à nous pour que le pouvoir prévienne l’injustice et n’oubli pas le passé.
Page Facebook de l’évènement : https://www.facebook.com/events/1609790302585222/
Photo: Cécile Tousignant