J’ai envie qu’on parle météo ensemble. Qu’on parle des ces moments où le ciel est noir, très noir. L’atmosphère est lourde, les nuages s’empilent. Le soleil a sacré son camp depuis un bon moment déjà. Tu te dis qu’il ne reviendra probablement jamais. Le vent se lève, tu perds un peu le contact avec la réalité. On dirait un film. Mais un mauvais film. T’as envie de t’en aller, mais tu ne peux pas, il n’y a pas de porte de sortie.
Tout ça, ça m’est arrivé quand j’ai vécu une dépression, il y a deux ans maintenant. Je dis dépression, et là, j’utilise le vrai mot. Je ne parle pas «d’une phase» comme dirait certain. Je ne parle pas de ces journées où tu feel bof bof. Je parle de ces mois, ces longs mois durant lesquels j’ai traîné sur mes épaules tout le poids du monde. Je me sentais poche, pas à la hauteur, pas unique, pas assez belle, pas assez confiante, pas assez toute. Chaque matin, je me levais et je pleurais. Je voyais la journée qui s’annonçait, j’appréhendais le cocktail météorologique émotionnel qui m’attendait et ça me faisait peur. Je n’arrivais plus à rien faire, tout me semblait une énorme corvée. J’étais consciente que mon esprit faisait des siennes et pouvait m’emmener sur des terrains glissants, sur des pensées qui m’enfonçaient encore plus, mais ce qui me faisait plus peur encore, c’est que je n’arrivais pas à contrôler ces pensées.
Pourtant, je suis une fille super occupée et engagée, j’ai de bons amis et une bonne famille. Parfois, ça ne suffit pas. Parfois, il y a quand même quelque chose au fond de nous qui ne fonctionne plus. Ma machine à motivation était défectueuse, mon petit cœur avait la vie dure et mon usine à larme fonctionnait beaucoup trop par rapport à mon mécanisme de sourire. J’avais l’impression d’avoir l’intérieur tout fucké et ce feeling-là me grugeait mon énergie à chaque jour.
On me demandait comment ça allait et je n’arrivais pas à répondre. Ma seule réponse était bien souvent «je ne sais pas». Parfois, je me sentais ensoleillée, d’autre fois je sentais les orages dans mon ventre, parfois, j’avais la tête dans les nuages et la plupart du temps il pleuvait tellement que je n’arrivais pas à glisser un mot. Mon entourage a vu que quelque chose clochait et m’ont emmené voir une psychologue. Et là, le ciel s’est éclairci. Évidemment, ce n’est pas la psy qui a actionné le bouton «Soleil et bonne humeur pour l’éternité», mais elle m’a montré comment on pouvait tasser les nuages pour laisser paraître la beauté du monde. Pour ça, je lui en serai éternellement reconnaissante. Je me sentais tellement seule et avec elle j’ai pu voir à quel point j’avais tord.
Cette semaine, c’est la Semaine nationale de la santé mentale et ça concerne tout le monde. Parce que la santé mentale, ça touche autant ta petite personne que ton meilleur ami, ta mère, ton voisin ou ta collègue. Pour eux, va les voir et écoute les. Même pas obligé de répondre! Seule ta présence et ton écoute, sans préjugé, sans tabou et sans gêne, peuvent faire toute la différence. Les professionnels de la santé sont là pour aider aussi.
On n’est jamais seul.
Ah oui et je te jure que ça va bien aller. Parce qu’il ne peut pas pleuvoir tout le temps.
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