C’est quoi un héros? Parce qu’il me semble qu’aujourd’hui, comme à l’époque de Lancelot et de Guenièvre, on a ce mot accroché sur les lèvres, que ce soit pour attirer des auditeurs ou pour raconter une histoire plus grande que nature.
Pour les plus jeunes, le héros est soit Ironman soit papa. Pour les plus vieux, ce sont les téméraires qui pénètrent une maison en flammes pour sauver une petite famille en panique. Alors que pour d’autres, c’est un leader politique qui tente de libérer son peuple d’une oppression quelconque.
Bon, c’est assez flou.
Récemment, je suis intervenu dans un incident des plus troublants auquel l’Homme peut donner naissance : de la violence – publique – conjugale. L’homme (ou la bête) étranglait sa conjointe dans le stationnement du Canadian Tire à dix heures du matin. À quelques pas du boulevard, à la vue de tous.
Je l’ai maîtrisé et j’ai appelé les policiers. Mais oublions l’évènement et jetons un coup d’oeil en coulisses. Dans la trâlée de gens présents lors de l’altercation, nous sommes deux à avoir agi. La deuxième personne étant une dame circulant sur la route avec son bébé de dix mois sur la banquette arrière. Personne d’autre.
Plusieurs personnes ont qualifié mon geste d’héroïque, m’ont considéré comme un héros. Bien que je comprenne leur fondement, je ne peux accepter ces commentaires (ne pas lire de fausse modestie ici, mais bien un malaise). Pourquoi serais-je un héros si j’ai fait quelque chose de naturel à mes yeux?
Un héros, je crois, c’est quelqu’un qui agit en étant conscient des grands risques qu’il prend, qui décide d’agir même si, en son fort intérieur, il se cache derrière les jambes de sa mère. C’est quelqu’un qui déjoue son propre «moi», qui lui dit de déguerpir pour finalement foncer. Voilà pourquoi je ne me considère pas comme un héros.
Tout cela pour en revenir au fait que j’aurais vraiment aimé avoir de l’aide, ce jour-là. La situation aurait pu prendre des tournures assez sombres merci s’il avait sorti un couteau de sa poche.
Il y aurait vraiment pu avoir un héros, ce matin-là. Si quelqu’un qui assistait à la scène, figé par la peur, s’était saisi de son téléphone pour composer le 911, il aurait été un héros. Parce qu’il aurait combattu sa propre rationalité, sa propre conscience. Voilà ce que c’est, un vrai héros.
Photo : WeHeartIt