«L’amorce d’une discussion, une ouverture au débat et un appel à la réflexion sur les conséquences des agressions à caractère sexuel», telle est la prémisse du film Antoine et Marie, deuxième long métrage du cinéaste Jimmy Larouche. Mettant en vedette Sébastien Ricard et Martine Francke dans les rôles-titres, le film qui sortira en salle le 19 juin aborde le lourd sujet de la drogue du viol.
Antoine et Marie raconte l’histoire de deux personnages radicalement opposés : lui est un homme introverti, frustré et accro à la pornographie ; elle est une femme désirable, sensuelle et épanouie. Si Marie file le parfait amour avec son conjoint (Guy Jodoin), Antoine n’a aucun contact physique avec sa femme (Isabelle Blais) et beaucoup de difficulté à accepter que sa fille adolescente (Véronique Perron) devienne une femme.
Leurs chemins se croisent pourtant lors d’un 5 à 7 dans une brasserie… et Marie se réveille le lendemain matin seule dans un taxi, sans aucun souvenir de la veille. S’ensuit un sentiment de confusion et de mal-être qui perdure tout au long du film, autant chez le personnage principal que chez le spectateur.
Dans la peau de la victime
Il n’y a pas de scène de viol dans Antoine et Marie. Tout comme une victime droguée au GHB ne se souvient pas de son agression, le spectateur ne peut que supposer ce qui s’est passé. «La victime sait qu’elle ne va pas bien, mais ne sait pas pourquoi exactement. C’est au fil du temps qu’elle reconstruit sa soirée et réalise ce qu’il lui est arrivé. C’est ce que je voulais faire vivre au spectateur», explique Jimmy Larouche.
«C’est comme si je mettais du GHB dans les liqueurs des gens dans la salle à la 15e minute du film, puis 1h15 plus tard ils reprennent conscience et tentent de recoller les morceaux dans leurs souvenir», illustre l’Almatois, qui a assumé les rôles de scénariste, réalisateur, producteur et distributeur à la fois.
En finir avec le victim-blaming
Jimmy Larouche espère que son long métrage permettra de briser les préjugés envers les victimes d’agressions à caractère sexuel. «Je me dis que si les gens réalisent à quel point c’est dur pour la victime, peut-être qu’ils vont être moins rapides à dire que “c’était un peu de sa faute” parce qu’elle portait un décolleté ou parce qu’elle est toujours en train de cruiser. Ça n’a aucun rapport! Est-ce que ça donne le droit à quelqu’un de l’agresser? Je veux que les gens comprennent que l’attitude de la victime n’a aucune importance et que ça ne fait pas partie de l’équation», s’emporte-t-il.
Le cinéaste cite ensuite des statistiques : les agressions à caractère sexuel touchent 50 % des femmes, et 90 % d’entre elles ne les dénonceront jamais. «Il faut que notre société soit malade si elle ne favorise pas plus que ça les gens à dénoncer un pareil acte. Si tu te fais voler ton portefeuille, tu vas voir la police. Si tu te fais défoncer ta voiture, tu vas voir la police. Si tu te fais voler ton cœur et ton âme, tu n’y vas pas. Ça ne marche pas», déplore-t-il.
De l’aide sur le terrain
Afin de soutenir davantage la cause, les producteurs d’Antoine et Marie se sont associés aux Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), principalement la Maison Isa, au Saguenay, et le CALACS Entre Elles, au Lac-Saint-Jean. «Ce sont eux les vrais guerriers sur le terrain», souligne Jimmy Larouche. En plus d’offrir une importante visibilité à ces organismes, le partenariat prévoit des projections spéciales du film au profit des CALACS à travers la province. «J’ai reçu beaucoup d’aide pour ce projet et c’est important pour moi de redonner à mon tour», conclut le réalisateur.
Pour en savoir plus sur Antoine et Marie, rendez-vous sur le site officiel du film.
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