Ça, c’est une période de temps déterminée. Ça se compte en jours, en mois, en années ou même en heures. Tout le monde veut une réponse à la question du «après ça». Le moment est venu : je suis rendue au fameux «après ça».
Pendant que je vivais mon ça, je me disais que j’allais commencer à planifier mon après environ un mois avant que ça finisse. Un mois, ça me semblait un bon laps de temps, ça me semblait en masse.
J’ai cherché, j’ai lancé des lignes à l’eau. Pendant deux semaines, j’ai pensé à m’en faire surchauffer le cerveau, à en manquer de sommeil. C’est que pour la première fois de ma vie, je me retrouvais à être perdue. J’ai toujours été la fille qui savait précisément où aller, même lorsque tout le monde aux alentours n’avait aucune idée du chemin à prendre. Mais là, à cet instant, je ne savais plus où donner de la tête. Je paniquais : j’étais pire qu’une chèvre qu’on aurait pitchée en pleine forêt amazonienne.
Je me suis rendue compte que ça ne me servait à rien. J’ai lâché prise et j’ai tout simplement profité à fond de la fin de ça, sans trop penser au après.
Maintenant que ça est fini final, qu’il est devenu un incroyable souvenir, le après ne s’est pas gêné pour me sauter en pleine face. Mais la panique ne l’a pas accompagné.
«C’est quoi tes plans?»
Des plans au pluriel? Je n’en ai pas. Un plan au singulier non plus. Et scoop : ça me rend tellement heureuse.
En fait, un plan, j’en ai un sans même le vouloir. J’ai le plan de ne pas avoir de plan.
Je crois qu’il n’y a aucun mal à se coucher sans savoir de quoi demain sera fait. Au réveil, je ne vois aucun problème à confier à Dame Nature le droit de déterminer l’orientation de ma journée. Je pense aussi que de laisser le vent nous porter là où bon lui semble n’est pas synonyme d’une incapacité à se décider. Au contraire, je pense que ça prend de la confiance et du courage, et ce, autant en soi qu’en la vie.
Notre vie, c’est comme la carte au trésor d’un pirate : elle est vaste et un tas de chemins peuvent mener au gros X qui y est dessiné. Notre X, il est le même. Notre X, c’est le bonheur. Tout ce qu’on veut au fond, c’est ça. C’est d’être heureux. C’est de pouvoir regarder en arrière en se disant que notre route a été la plus belle. Pas la plus facile, mais la plus belle.
Pour y arriver, il ne suffit que de s’en donner les moyens. On peut tout voir. On peut tout essayer. On peut avoir tout ce qui est à notre portée autant que ce qui nous semble inaccessible. Je n’ai pas envie de me limiter, je n’ai pas envie qu’ON se limite : pourquoi on devrait, d’ailleurs?
Présentement, je me rends compte que je ne vis pas un après. Non. Je vis plutôt un nouveau ça. Je n’ai aucune idée de sa durée, de son emplacement géographique ni de quoi il sera constitué. La vie est un enchaînement de plusieurs ça, des chapitres qui ont tous leurs raisons d’être si on leur laisse, justement, la chance d’être.
Photo : Maude Boutet et Catherine Paquette