Un matin, je vais me lever, lancer deux ou trois t-shirts et une paire de jeans dans un sac. Je vais me faire un café et prendre mes clés. Après, je vais rouler.
Je vais laisser mon cellulaire sur ma table de chevet et je vais mettre un CD qui bouge dans le lecteur de la voiture. Je ne dirai rien à personne, je vais juste rouler. Longtemps. Sans avoir de plans, sans avoir de raison. Simplement pour le bonheur de me sentir libre.
Je vais rouler jusqu’à ne plus avoir d’essence. Rendue là, je vais aller en remettre et continuer. Je vais éviter les autoroutes, prendre les chemins de campagne. Je vais ouvrir les fenêtres, laisser le vent venir me décoiffer et m’en foutre, chanter des chansons à tue-tête. Je vais juste rouler, pis ça va être assez.
Je ne sais pas jusqu’où je vais aller. Vers l’ouest? Le sud? J’aviserai en temps et lieu. Je vais rencontrer des gens dans des petits restaurants locaux, je vais découvrir du pays, je vais être libre. Ne pas avoir de comptes à rendre à personne, même pas à moi-même. Je vais vivre au jour le jour et apprécier la vie.
Je vais rouler encore. Rouler jusqu’à ce que je sois perdue et que je doive m’arrêter dans une station-service pour obtenir une carte. Je vais rire avec le caissier qui ne saura pas comment m’aider, parce que je n’ai pas de destinations. Je vais retourner à ma voiture, faire le plein d’essence et repartir.
Je vais voir des paysages que personne n’aura jamais vus, je vais me perdre dans mes pensées, je vais inventer mille et une histoires. Je vais prendre des tas de photos, me créer des souvenirs à la pelletée. Je vais m’arrêter au bord d’un lac et regarder le soleil se lever en buvant mon café, bien emmitouflée dans une grosse doudou.
Après avoir flambé toutes mes économies, je vais revenir. Je vais avoir un gros sourire aux lèvres. Les gens vont me poser des questions, mais je ne répondrai pas. Ce voyage, ça va être mon secret. Mon escapade dans la nature, mon contact avec moi-même.
Mais je dirai une chose à ces gens : la vie est belle.
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