Je l’ai rencontré un samedi soir pis il avait vraiment beaucoup neigé ce soir-là. J’avais eu de la misère à partir mon char pis à conduire prudemment sur les routes. Y m’a appelé la mignonne dès la première fois qu’il m’a adressé la parole. C’était pas une insulte ni rien d’autre que vous pouvez penser. Le monde pense trop souvent que quand on est mignonne on n’est rien d’autre.
Moi ça me suffisait d’être la mignonne. C’était juste mon surnom. Ce l’est encore, d’ailleurs. C’était le premier qui me surnommait par autre chose que mon prénom. Faut dire que quand t’as “Mary” dans ton prénom, le substitut plus court vient souvent assez rapidement de soi-même. Le nombre de personnes au cégep que je ne connais pas tant que ça, mais qui ont commencé à m’appeler Mary juste parce qu’ils pensaient que ça allait de soi (alors que pas-tant-que-ça, en passant) pis qu’on était assez proche pour ça (alors que pas-tant-que-ça).
Mais lui c’était différent. Y’était différent. Il l’est toujours, d’ailleurs. Il me surnommait la mignonne et j’aurais voulu que la nouvelle se répande partout sans que j’aille besoin d’en faire un statut Facebook. Juste que ça soit su, que pour lui, j’étais pas une “Mary” parmi tant d’autres Mary. J’étais la mignonne. Sa mignonne, presque.
Presque.
C’est mon surnom préféré numéro 1 de tous les surnoms que j’ai eu. Juste parce qu’il me regarde dans les yeux à chaque fois qu’il le dit. Pis j’ai l’impression qu’il fait exprès à chaque fois. Comme s’il savait que je souris de l’intérieur à chaque fois qu’il prononce ces syllabes là. Mais non, il fait pas exprès. Y’était juste différent. Il l’est toujours, d’ailleurs.
C’est ça la clef de la vie, j’pense. Se trouver un humain différent. Ou se faire trouver par un humain différent. Trouvez-vous en un. Un qui vous trouve votre surnom préféré.
Mais qu’il ne vous appelle pas la mignonne.
Ça, c’est mon surnom.