Chaque jour, je passe en moyenne près de deux heures en bus de ville. Si tu fais partie de ma vie, tu sais à quel point ce temps «perdu» est difficile à gérer et m’embête. Sinon, je te l’apprends maintenant: je déteste ça.
Entre un bus manqué, plusieurs minutes d’attente à se geler les pieds aux abri-bus pas déneigés et mon réveil-matin programmé à 5:30 pour arriver en cours à temps, je côtoie lors d’interminables trajets une multitude de gens dont certains méritent que quelqu’un écrive à leur sujet.
Je médite depuis un moment sur l’écriture de cet article. Je trouve embêtant d’écrire sur de parfaits inconnus, mais les personnages qui sont de passage dans ma vie entre le moment où ils mettent les pieds dans le bus et le moment où ils le quittent me laissent la tête pleines d’histoires que je partage avec toi aujourd’hui.
La clarinette
J’ai croisé ce vieil homme à quelques reprises en me rendant au collège. Il y a de ça quelques semaines, il a prit place devant moi, déposant son étui à clarinette sur le banc. Il a passé la totalité du trajet à lire des cartes de Noël manifestement décorées par des enfants lui souhaitant «Joyeu Noelle et Bone Anné Monsieu!». Si ce n’était que de son chapeau en velours brun et des multiples bagues à ses doigts, il aurait pu passer pour un homme bien louche, mais la douceur qu’il dégageait et la tendresse qu’il semblait avoir à l’égard de ses voeux de Noël maladroitement rédigés ne trompait pas sur l’honnêteté de cet homme. Ce monsieur est probablement professeur de musique, il prend toujours le bus à la même heure et porte toujours son chapeau brun.
La rock-star
Cet homme ne cesse de me surprendre à chaque semaine: c’est un «personnage» fascinant. Il a toujours sur ses oreilles de vieux écouteurs à coquilles qu’il fait tenir à l’aide d’un bandeau d’exercice. Ceux-ci sont branchés à son éternel Walkman (le même que le mien à l’époque) dont il ne semble jamais se séparer. Je le reconnais chaque fois par sa veste en cuir, son vernis à ongle bleu foncé et sa façon, d’une finesse extrême je doit l’admettre, de replacer ses cheveux. Il est toujours assis seul, l’air au-dessus de ses affaires, ayant toujours l’air de fortement apprécier la musique jouant dans ses coquilles.
Lève les yeux de ton téléphone une fois de temps en temps, les gens sont fascinants et c’est ce qui fait le beauté d’un monde, tu le constateras par toi-même.
(à suivre…)