Sourire, c’est ce qui donne l’impression qu’on est heureux de vivre. C’est ce qui nous fait oublier les petits échecs, pis les grands. C’est ce qui nous fait paraître pour la majorité. Parce que sourire c’est beau, autant que ça peut être faux. Je le sais parce qu’on est des éternels insatisfaits de la vie. J’en suis une.
On sourit pendant un moment, aussi éphémère soit-il, sauf qu’à la seconde qui suit on en redemande plus. On se met à oublier ce qui était, ce qui est, pis on veut ce qui suit tout le temps. Je ne voudrais pas tomber dans le cynisme, mais on court après le bonheur, comme si son heure d’arrivée était à deux minutes près, quitte à en oublier qu’il nous attend depuis longtemps.
On ne sait pas ce qu’on a, ou on ne le réalise pas, mais on cherche ce qui sera parce que c’est toujours plus beau de rêver de l’utopie. On rêve à demain, quitte à se décevoir pis rêver au surlendemain. Je suis comme ça, je n’ai jamais assez de toute. Pis la société non plus. Je suis en manque de surconsommation tout le temps, pis je surconsomme tout le temps pourtant. Peut-être que je fais juste consommer sans me rendre compte que je consomme trop. Parce que trop, ça n’existe pas chez nous.
Je voyage entre les rues de mon quartier, pis je voudrais voir le monde au complet. Pis je cours après le million en frottant mes petites cennes sur des gratteux, avec plus d’orgueil que de plaisir, parce que je sais très bien que si je gagnais le million j’en voudrais un milliard. C’est la même raison pour laquelle quand j’ai 88 % dans mon examen j’en voudrais 90 %, pis que quand j’ai une belle job je veux celle d’à côté.
Ça fait que je ne sais pas si je ne suis jamais assez, ou si je n’en ai jamais assez, mais j’en ai jamais trop pis je ne suis jamais trop non plus.
Ce soir-là, il était deux heures et quart du matin. La veillée s’en venait tardive, pis le soleil n’allait pas traîner non plus à la vitesse que la nuit avançait. Ça fait que le soleil est arrivé plus tôt que prévu; du moins, juste le petit rayon que j’avais besoin pour bien finir ma journée, ou même bien commencer l’autre. Je suis plus réaliste que ça, c’était juste la lumière de mon iPhone.
C’était Facebook, pis il ne voulait pas me dire que c’était la fête de la personne que j’avais rencontrée dans le party d’une connaissance il y a 5 ans, ni Matante Josée qui voulait m’envoyer une invitation à Candy crush (encore!!), c’était plus un message qui m’a poppé dans le cerveau comme une bouteille de champagne qui te monte à tête.
Des beaux mots gratuits, comme un gros coup de pied dans le derrière pour me dire que je ne me rendais pas compte de tout ce que j’avais pis que c’était beau à voir. « Oups, trompée de personne », que j’attendais de lire. Sauf que j’ai vite compris que j’étais encore en train, de nier le moment présent.
Mais ce soir-là, mon sourire en disait long, ou plutôt il se faisait large. Elle n’avait pas tort cette fille-là… Je peux chaque jour d’être reconnaissante, pis je passe à côté tout le temps. C’était juste le présent que je cherchais finalement. Ça prenait seulement quelqu’un pour m’ouvrir les yeux. Pis quand je les ai ouverts, le vrai soleil s’est levé, pis mon sourire était plus sincère que l’éphémère.