Une remarque et elles haussent le ton, une injustice et elles protestent, une trahison et c’est l’explosion. J’aimerais être une petite boule de nerfs quand il le faut. Savoir dire « non » quand je n’ai pas envie de faire quelque chose. M’imposer dans une dispute. Me défendre. Crier. Seulement, quand je suis énervée, moi je pleure.
Aujourd’hui, j’écris pour toutes celles qui, comme moi, ne parviennent pas à s’endurcir et à tenir tête à quelqu’un. Pour toutes les pleureuses involontaires qui crient en elles et aimeraient sortir de leur cachette. Combien de fois j’aurais adoré me rebeller et qu’à la place, je suis restée là, immobile et muette, telle une poupée de chiffon! Dans mon imaginaire je me plais à être une autre, une femme de caractère, passionnante et assumée.
Ces larmes, j’aimerais les transformer en boules de feu. Ce sont elles qui m’empêchent de devenir quelqu’un de vrai. J’ai beau m’entrainer et apprendre mon texte par cœur avant la fameuse confrontation, une fois face à mon adversaire, je suis totalement vaincue : plus aucun mot ne sort de ma bouche. Mon visage se crispe, mon visage devient bouillant, mes yeux fuyants. Et tout ce que j’avais préparé s’envole immédiatement, y compris mon courage et ma volonté. Le conflit réveille ma faiblesse et me fait devenir cette personne que je déteste. J’aimerais la secouer. Le moi intérieur donne des coups de pied, il rage, hurle, et mon corps tout entier devient alors un véritable combat de boxe qui lutte contre lui-même.
La dispute. Ce fragment du quotidien qui arrive n’importe où, n’importe quand. Je n’ai pas eu l’entrainement nécessaire pour y survivre. Il en est de même pour de simples explications. Je ne sais pas faire. Je n’arrive pas à parler de ce qu’il passe en moi, de ce que je peux ressentir. C’est comme un mur immense et infranchissable. D’autres sont pourtant maitres dans cet art, alors pourquoi moi je n’y arrive pas. Pourquoi ai-je cette tendance à éviter tout conflit, à ne pas savoir me défendre, à ne pas savoir parler ?
Le plus frustrant est que cette faiblesse puisse nous définir comme tels auprès des autres, alors que ce n’est pas le cas. Nous avons des opinions, partageons des convictions et aimons débattre. Nous avons une réelle personnalité, qui se manifeste seulement différemment. Je pense que ce genre d’attitude n’est pas définitif, il ne peut que s’améliorer avec le temps et beaucoup de motivation. Parfois, j’essaye de me forcer, de me donner des objectifs. C’est plus dur que ça en a l’air. « Aujourd’hui, tu vas parler. Dire ce que tu penses de la situation. Aujourd’hui, je vais m’expliquer. Dire ce qu’il ne va pas. Pourquoi je ne suis pas d’accord. Je ne baisserai pas les yeux ».
Aujourd’hui, on n’a plus le droit de m’écraser. Ça prendra du temps, mais je suis sure que ça viendra. Aujourd’hui, j’existe et je veux le faire savoir.
Crédit photo : we heart it