Ce que je veux faire lorsque je serai grand.
LA question.
Cette fameuse question qu’on nous rabâche de la maternelle au cégep et pour d’autres, ça va les pourchasser jusqu’à la toute fin.
Ça divague de gauche à droite, sans jamais prendre son trou.
Ça divague de haut en bas à la recherche d’une petite étincelle qui fera jaillir le feu d’leurs tripes.
À 5 ans, on nous demande bêtement de dessiner notre rêve de métier.
Qui n’a jamais voulu être médecin, astronaute ou pilote d’avion?
Après, les années passent et sans qu’on l’perçoive, la question revient au galop, sans crier gare.
Au secondaire, elle montre quelques signes de vie, nous fait frissonner, mais se tient loin dans un coin sombre de notre tête.
À la toute fin, elle bondit sauvagement sur nous et ne nous demande plus un dessin, non, mais bien une demande d’admission, un nom, un nom de programme, de cégep, de métier sans flammèche, un métier qui rime avec banalité et réalité.
À coup d’orienteurs et de tests en ligne débiles, on nous enligne sans droit de réplique dans une voie qui ne doit absolument pas dévier de sa trajectoire.
Ce « on », c’est l’école, les parents, le regard des autres et l’oppressante conformité sociale qui nous lie les mains et l’esprit.
Une fois passé dans le tordeur, le mot qui est sorti de mon dossier, c’était « journaliste ».
On fait les valises, on part en terrain inconnu, convaincu d’être dans la bonne voie, convaincu de ne pas être capable de dévier.
Cette fois-ci, le « on », c’est moi, ma tête et mes pensées, personne d’autre.
À coup de rencontres, de rires, de pleurs, de nuits blanches à être confronté à ses propres idées, de nuits blanches à douter, le gris commence à faire place à de la clarté.
C’que j’veux faire, moi…
C’est pas juste un métier.
C’est pas seulement cinq jours/semaine de 8h à 17h.
C’est plus que ça.
C’que j’veux vraiment faire lorsque j’serai grand,
C’est changer le monde.
De brasser la cabane, de lancer un grand appel à la raison,
Sauver le peu qu’il reste et bâtir les fondations d’une grande nation.
J’veux permettre aux gens de réfléchir, de s’fâcher, de rire et de pleurer.
J’veux changer les choses,
Pas seulement faire mon boulot et jaser de sports.
J’veux pas rester dans mon coin, j’veux sortir d’la cage et prouver aux gens qu’ils valent quelque chose.
De leur prouver qu’ils valent la peine.
J’veux marcher dans la rue,
Crier haut et fort à quel point le soleil est beau,
Et à quel point les choses vont mal.
J’veux prendre le micro, embarquer sur le stage, les regarder dans les yeux et leur dire gravement :
« Vous êtes demain, ceux que vous regardez, eux, ils sont aujourd’hui,
Mais vous, vous êtes l’avenir, vous êtes le lever du soleil et non le coucher.
Vous, mes frères et mes sœurs, vous êtes le futur du futur.
Vous êtes quelque chose, vous êtes, point barre.
Dans ce cas-là, aussi bien se lever debout et transformer ce qui nous appartiendra demain.
De leur montrer, à ce aujourd’hui et à ce hier qu’on a notre place,
Que nous sommes quelque chose,
De prendre d’assaut les villes et les assemblées,
Les écoles et les plateaux de télévision,
Et de clamer avec vigueur que,
NOUS, mes chers, sommes le changement.
Nous sommes unis, nous sommes ensemble dans ce combat contre l’ancienneté et la passivité.
Nous sommes le fer de lance dans cette attaque contre l’impertinence et l’incompétence.
Nous sommes l’unité, mais maîtres chez nous.
Nous sommes l’unité, mais aussi investigateurs de demain.
Nous sommes l’unité, mais aussi vous. »