Il est très rare qu’il m’arrive de faire ça, mais ce texte a été écrit expressément pour une chanson précise, soit Built to Last de Lights & Motion. Je conseille fortement donc à quiconque qui lira ces quelques lignes d’enfiler une paire d’écouteurs et de se laisser bercer par les mots du texte et la puissance de la mélodie. Sans ça, difficile de vivre le texte de la même façon que je l’ai écrit.
Bonne lecture.
…
Tu flottes.
Tu ne sais pas où tu es, ce que tu fais.
Tu respires lentement.
Tu es incapable de distinguer le bien du mal, la joie du malheur.
Dans cette mer de complexité, tu es là, flottant avec exactitude, mais futilité.
Autour de toi, tout est flou.
Le paysage est magnifiquement impossible à voir.
Tu ne touches pas le fond, tu ne vois rien.
Ce que tu sais, c’est que tu es.
Tout à coup, tu aperçois quelque chose au loin.
Quelque chose de vague, incalculable.
Tu commences donc à nager dans cet océan noir de sens.
Tu nages lentement, sans panique, avec douceur et légèreté.
Tu n’as aucun mal à nager, à te déplacer.
Tes bras viennent et repartent sans effort tandis que tes jambes donnent des coups saccadés, mais respectueux.
Tu ne sais pas où tu vas, ni comment tu t’y rendras.
Ce que tu sais, c’est que tu y vas.
Tu nages sans t’arrêter, tu es simplement incapable de le faire.
Une force inconnue t’attire vers un monde inconnu.
Dans cette mer d’inexactitudes, tu ne fais qu’avancer, sans tenir compte de la réalité qui t’enlace peu à peu.
Tranquillement, sans t’en rendre compte, l’intensité augmente.
L’anxiété se niche derrière ton crâne.
Tu ne nages plus.
Tu sprints.
De façon effrénée, tu ne t’arrêtes plus.
Tes bras viennent et repartent avec vigueur et détresse.
Ce qui est devant est grand, en vaut la peine.
Tu ne sais pas ce que c’est, tu sais seulement que cette chose est.
Tu ne peux plus t’arrêter.
Tes jambes frappent et martèlent les vagues d’eau de plus en plus grande.
Derrière toi, une marée se lève.
Tu l’emportes avec toi.
Dans cet inconnu effrayant.
Cet inconnu si beau, si mouvant.
Ton sprint est infernal.
Tu nages, tu nages, encore et encore!
Tu vois la ligne d’arrivée.
Arrivée d’une contrée proche et lointaine à la fois.
Cette ligne, tu vas la traverser.
Ton souffle est coupé.
Tu ne respires plus.
Tu n’en es simplement plus capable.
Ta vitesse atteint celle d’un léopard.
Tu vas si vite, si vite!
Tu ne te sens plus.
Tu ne ressens plus rien.
Ce qui est au bout de la route est tout près.
Tu sais une chose.
Au bout, tout sera plus simple, plus vrai.
Ce le sera, point.
Tu te laisses donc transporter à une vitesse effarante.
À une vitesse qui se meurt de l’intérieur.
Et tu arrives.
Tu franchis cette ligne.
Tu la dépasses et atteins cet inconnu, ce non-dit si destructeur.
Et tu es.
Dans un fleuve de vérité, tu es quelque chose.
Tu regardes autour de toi et tout est plus clair, simpliste.
Le paysage est gracieux, mais surtout visible.
Tu vois le fond, mais aussi le ciel.
Le ciel vaste et stellaire.
Et tu réalises que tu es au même endroit qu’au tout début.
Tout ce qui était impossible à voir l’est maintenant.
Quelque chose a changé.
Tu es avec exactitude.
Dans un endroit exact.
Tout ce qui t’enlace est précis.
Ce qui est en avant et en arrière est probant.
Tu es, dans la simplicité la plus marquante, ce que tu es.