« T’es belle » m’avait-il dit, un verre dans le nez, l’air un peu gêné.
À ce moment précis, j’ai figé.
Mais voyons c’est simple, me diras-tu, « t’as juste à répondre merci ». Mais, qu’est-ce qu’on doit répondre à des paroles qu’on ne croit pas ?
Pis au fond, la beauté, c’est quoi ?
J’suis bien d’accord, la beauté c’est une notion assez abstraite, qui diffère pour chacun. Pour certains, ça se limite à l’esthétique, pour d’autres ça englobe beaucoup plus. Le « beau » ça change selon la nation, l’époque, la perception, la profondeur d’âme et plusieurs autres facteurs.
« Donc si on résume, la beauté n’existe pas réellement ? »
J’aimerais pouvoir affirmer que le concept de la beauté n’existe pas dans la société, mais ce n’est pas le cas. À vrai dire, il y a toujours des standards de beauté dans notre société, mais pourquoi ?
Je crois qu’on est simplement incapable de vivre avec des concepts abstraits. On ne peut pas se contenter d’un « je ne sais pas » : on doit absolument apposer une étiquette sur tout.
Par exemple, devant une œuvre d’art abstraite, notre cerveau va chercher à distinguer des formes qu’il connait. C’est plus fort que nous, on veut y trouver des objets, des visages, des corps, quelque chose qu’on comprend.
Dès le début de notre vie, on est confronté aux difficultés liées aux standards de beauté. Par exemple, un bébé ayant une malformation sera moins souvent pris dans les bras de sa mère qu’un autre, aussi choquant que cela puisse paraître : « Ce sont des études scientifiques qui le disent […] », affirme Dr Sylvie Poignonec, médecin spécialiste en chirurgie plastique.
« Vous êtes beau/belle ? Passez go, réclamez 200 $ ! »
Bien souvent, une belle apparence physique sera même gage de réussite dans la vie. Marie-Pierre Samitier, une journaliste et écrivaine qui se spécialise dans l’image, affirme qu’ « on cherche sans cesse à vouloir améliorer notre image. La première impression que l’on donne est capitale. D’ailleurs, lors des entretiens, 65 % de l’information passe par des perceptions visuelles ». Une belle personne peut même gagner un meilleur salaire, ou avoir une progression plus rapide dans une entreprise.
Je ne sais pas pour vous, mais étant une fervente défenseure de justice et d’équité, ce genre de constatation me révolte.
La discrimination selon l’apparence physique, ça ne date pas d’hier. Par exemple, dès les débuts du Carnaval de Venise vers les années 1094, les hommes pouvaient prendre part à un jeu des plus discriminatoires. Le jeu consistait à lancer des œufs remplis d’eau de rose sur les femmes qu’ils considéraient comme belles, et des œufs pourris sur les femmes qu’ils jugeaient laides… Venise n’avait probablement pas le statut de la ville la plus romantique du monde à l’époque !
Et si, au contraire, être « laid/laide » était un avantage ?
Pour Golda Meir, une importante femme de la politique israélienne, « ne pas être belle fut une bénédiction, puisque cela [l’] a obligée à développer d’autres ressources intérieures ». Selon elle, « une jolie fille a un handicap à surmonter », puisqu’elle n’aura pas à puiser dans sa beauté intellectuelle pour se démarquer.
D’ailleurs la beauté intérieure peut s’accroitre tandis que la beauté physique, elle, se dissipe avec le temps. Certains vont jusqu’à payer des milliers de dollars pour tenter de freiner les ravages du temps sur leur beauté. Cela en vaut-il le coût ?
Pour moi, certaines personnes développent le statut de beau/belle avec le temps, puisqu’en apprenant à les connaitre, je constate la richesse de leur beauté intérieure. Sur ce, je vous invite à VOUS questionner sur la beauté :
Au fond, c’est quoi la beauté ?
Devrait-ont se fier aux standards qui la définissent ?
Est-ce qu’une personne « laide » vaut plus qu’une autre ?
Jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour vous conformer aux standards de beauté et, au final, cela vous rendra-t-il plus heureux ?