Et si demain on vous annonçait qu’Éric Salvail réintégrait les ondes au Québec en tant qu’animateur d’un tout nouveau talk-show, feriez-vous partie des téléspectateurs et ce, malgré les accusations qui sont portées contre lui ? Seriez-vous prêt à dissocier l’humain et les actes qu’il a présumément commis, de l’artiste et de son talent d’animateur ?
Avec toute l’attention médiatique portée sur les procès judiciaires des personnalités publiques, une panoplie de questions me sont venues à l’esprit dernièrement.
Les avis sont souvent très divergents lorsqu’il est question de justice chez les célébrités, pour certains peu importe l’acte criminel qu’ils commettent, leur travail (musique, films, spectacles etc.) ne devrait pas être affecté.
Prenons exemple sur Mike Ward qui avait tenu des propos discriminatoires envers Jérémie Gabriel, malgré l’issue négative de son procès[1], sa carrière est « au top » et il continu de remplir les salles de spectacle.
Pour d’autres, la tribune médiatique que possèdent les artistes est un privilège et ils ne devraient plus y avoir accès lorsqu’ils commettent des actes criminels. C’est pourquoi, à la suite d’un procès, la crédibilité d’un artiste est parfois très entachée.
Par exemple, après avoir fait face à des accusations de voie de fait contre une femme par procédure sommaire, Éric Lapointe a plaidé non-coupable le lundi 28 octobre 2019. La cause est toujours en attente de son procès et l’artiste est libre sous certaines conditions jusqu’au verdict de la cour municipale. L’artiste avait alors prit la décision de maintenir ses dates de spectacle malgré les circonstances. Certains ont exprimé leur soutien envers le chanteur en défendant son talent, d’autres ont plutôt choisit de boycotter le rocker en dépit de leur appréciation de sa musique.
Et la présomption d’innocence dans tout ça ?
Sachant que le système judiciaire canadien « est fondé sur la présomption d’innocence dans les affaires criminelles, ce qui veut dire que chacun est innocent jusqu’à preuve du contraire. »,[2] est-il moral de boycotter des spectacles considérant que le verdict n’a toujours pas été rendu, comme dans le cas d’Éric Lapointe ? Je crois qu’il s’agit alors d’une question de valeurs et de convictions personnelles.
Une fois leur peine purgée, qu’advient-il de leur carrière ?
Si, par exemple, un plombier était arrêté pour conduite aux facultés affaiblies, il pourrait continuer de pratiquer son métier après avoir connu sa sentence. Dans ce cas, pourquoi une personnalité publique ne pourrait poursuivre son métier sur la scène médiatique après un acte criminel similaire ? Après tout, il s’agit de son métier, de son gagne-pain. Devrait-il se réorienter vers une autre carrière ?
À l’inverse, pardonne-t-on trop vite aux célébrités ?
Plusieurs célébrités ont continué de pratiquer leur métier malgré avoir commis des infractions criminelles ou avoir connu des épisodes de scandales. Il suffit de penser à Mike Ward, Claude Dubois ou même Joël Legendre. Croyez-vous que ces personnalités publiques ont été pardonnées trop rapidement ?
En conclusion, il s’agit d’un sujet qui pourrait faire l’objet d’un débat très intéressant que je vous invite à aborder avec les membres de votre entourage. N’hésitez pas à relancer la question énoncée dans la mise en situation.
[1] https://www.journaldemontreal.com/2016/07/20/lhumoriste-mike-ward-condamne-a-payer-35-000-au-petit-jeremy
[2] https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/organisation/publications-guides/decouvrir-canada/lisez-ligne/systeme-justice.html