Depuis 2010, les médias traditionnels du monde entier vivent une période sombre. Selon un rapport du Forum des politiques publiques du Canada, pas moins de 225 hebdomadaires et 27 quotidiens ont fermé leurs portes. Ce sont aussi des milliers de journalistes, rédacteurs et chroniqueurs qui ont perdu leur emploi. Qui en est responsable ? En fait, ce sont les médias d’infodivertissement et les réseaux sociaux.
C’est quoi un média d’infodivertissement ?
Ce terme englobe les contenus sur Internet, la radio et la télévision qui diffuse de l’information moins sérieuse. Dans ce cas-ci, je vais me concentrer seulement sur les sites, comme Konbini, Melty, BuzzFeed, etc.
« Juste 15 choses qui vont probablement changer votre vie que vous devez essayer en mars [traduction libre] » (BuzzFeed)
Pourquoi au mois de mars ? Bonne question ! Cet article illustre bien tout ce qui est néfaste avec ses médias. Des textes copiés-collés, accrocheurs, vides et faits à la chaîne. N’importe quel média est censé transmettre des faits ou des connaissances pertinentes à leurs lecteurs. J’insiste sur le mot « pertinent ». Ne vous fiez pas aux apparences, ils encouragent la désinformation. Une stagiaire chez Melty a déclaré « Dès que l’algorithme voyait un sujet remonter dans les statistiques, il fallait faire un article dessus, même s’il n’y avait pas d’info ».
Afin de recruter du public, ceux-ci utilisent les réseaux sociaux, qui permettent de diffuser leur contenu aguicheur à grande échelle. Comme des proies, les lecteurs tombent dans le piège de ces sites qui les retiennent captifs en leur proposant d’autres appâts alléchants.
De plus, leur site et leurs réseaux sociaux sont bourrés de publicité et de contenu sponsorisé. Je me suis mise à la place d’un utilisateur normal et je suis allée faire un petit tour sur le site de BuzzFeed. À peine arrivé sur la page d’accueil, j’étais déjà exposé à deux contenus sponsorisés qui sont, ironiquement, des restaurants de fast-food.

En effet, le principal revenu des médias provient de la publicité. Mais dans ce cas-ci, les publicitaires vont jusqu’à s’immiscer dans la ligne éditoriale de ses médias. « À propos de la Coupe du monde de football au Qatar, on voulait faire un article concernant les conditions de travail sur les chantiers. La rédactrice en chef a refusé, parce que Coca n’aurait pas accepté un tel sujet » explique Basile, un rédacteur qui a travaillé pendant trois ans chez Konbini. C’est inacceptable ! Les annonceurs ne peuvent pas brimer les journalistes. Cette attitude va à l’encontre de l’un des plus grands principes fondamentaux, la liberté d’opinion et d’expression et plus spécifiquement celui de la liberté de presse.
Bref, les médias d’infodivertissement créent une confusion quant à la frontière entre l’information, le divertissement et la publicité. Ça fait du bien parfois de déposer son cerveau et de consommer du contenu seulement pour se divertir. Cependant, il faut être vigilant vis-à-vis ces médias et ne pas accepter la médiocrité.