On souhaite bâtir des villages, des villes, des projets, une valeur monétaire. Ériger des relations, des maisons et un semblant de sens. Mais au fil des ans, où on empile les briques de notre existence, on prend connaissance qu’elles sont excessivement friables.
Un amour de plusieurs mois peut s’effondrer sous une simple brise, comme des économies peuvent brûler à la moindre flammèche. C’est ce que la COVID-19 m’a mis en pleine face, alors que je m’efforçais de construire autour de moi un grand nombre de bâtisses plus ou moins solides, qui sont devenues un tas de poussière en un claquement de doigts.
La tête dans une tornade qui vagabondait de chantier en chantier, j’avais arrêté de poser les yeux sur les sols qui soutenaient mes édifices. Et ce sont eux qui restent, coûte que coûte.
Devant mon nouveau désert quotidien, j’ai observé les grains de sable sur lesquels je posais les pieds sans jamais prendre le temps de les regarder. Le cycle des jours, les arbres ou notre environnement, me paraissaient encore plus grands et importants. En tant que citadine assumée qui aspirait aux hautes tours du centre-ville, j’avais oublié que notre monde est beau.
Puis, mon regard s’est dirigé vers l’enveloppe qui me sert de corps. Une automobile que j’ai jadis détestée, et que je peine toujours à apprécier. Mais, j’ai surtout décortiqué les organes que ma peau renferme, allant des moindres pensées aux émois qui la traversent.
J’ai tourné en rond en réécrivant mes aspirations, et j’ai pris le temps de panser partiellement des plaies ouvertes.
Je suis toujours une entité craquelée, mais j’ai commencé à mettre du ciment dans mes fissures les plus béantes. Tel un cordonnier mal chaussé, je m’apparente à un maçon en construction, qui pose les yeux sur une société qui a un grand besoin de rénovations. Les derniers mois nous ont permis de nous métamorphoser individuellement certes, mais aussi, et surtout, de constater à quel point notre société doit évoluer.
Il est temps que tout change, dans le bon sens, pour une humanité qui sait reconnaître son équité. J’espère un jour habiter cette planète construite d’édifices de bonté.
Saurons-nous, collectivement, œuvrer vers ce changement?