La pandémie touche tout le monde, particulièrement les itinérants qui font face à de nombreuses difficultés à Saguenay. Des organismes se creusent la tête pour trouver des solutions.
Il est difficile pour les sans-abris de subvenir à leurs besoins essentiels en temps normal, mais une difficulté́ supplémentaire s’est ajoutée avec les mesures de distanciation sociale mises en place par le gouvernement. Avec la fermeture de la plupart des lieux publics, les sans-abris n’ont quasiment nulle part où se réfugier. Les restaurants et les bibliothèques faisaient partie de ces lieux. Les toilettes sur place leur permettaient de garder une bonne hygiène.
Une bonne partie d’entre eux se sont tournés vers les centres d’accueil pour individus en situation d’itinérance. Dans une courte entrevue téléphonique, le directeur de la maison d’accueil pour sans-abri de Chicoutimi, Michel St- Gelais, m’a parlé des difficultés que vivent ces personnes.
Selon lui, l’établissement vivait un problème de surpopulation depuis plusieurs mois avant l’apparition de la COVID-19. Avec les consignes de la santé publique, le centre a dû réduire le nombre de résidents afin de respecter les mesures.
« Nous hébergions trente-cinq hommes alors que la capacité maximale était d’environ quinze », dit-il.
Des règles de distanciation ont été implantées pour éviter toute transmission communautaire. Durant la première vague, aucun cas n’y a été recensé, ce qui est encourageant pour monsieur St-Gelais et son équipe. Le directeur a d’ailleurs tenu à souligner le travail du personnel qui l’entoure : « Malgré la situation particulière, tout le personnel a bien réagi ».
Une partie de la clientèle a cependant dû quitter la maison d’accueil étant donné l’obligation de rester à l’intérieur. Pour des raisons personnelles, certains ne pouvaient pas se plier à ces exigences.
Pour ceux qui vivent à l’extérieur des maisons d’accueil, des centres de débordements ont été́ créés à Saguenay. Accessibles pendant la nuit, les sans-abris peuvent s’y rendre pour dormir. Le premier a été́ installé dans la zone portuaire de Chicoutimi, avec une capacité de dix-neuf personnes. On l’a cependant déménagé sur la rue racine à Chicoutimi en raison de la reprise des activités à la zone portuaire. Le centre a en revanche perdu en capacité : il compte seulement neuf places.
On compte aussi des problèmes en rapport avec l’accès à des soins médicaux. Avec un système de la santé débordé́, avoir accès à ces services était rare durant la première vague. « Plusieurs d’entre eux avaient de la difficulté́ à trouver les médicaments dont ils avaient besoin », raconte monsieur St-Gelais. Il est aussi important de préciser que plusieurs manquent de contacts sociaux. Plus d’un vit de grands moments d’isolement.
Un stress supplémentaire s’ajoute depuis quelques semaines. Avec l’arrivée de la saison hivernale, en pleine deuxième vague, la situation risque d’être plus difficile. Pour les sans-abris, se retrouver avec les mêmes conditions qu’au printemps dans un climat comme le nôtre sera dramatique.
Monsieur St-Gelais travaille avec plusieurs organismes, dont la CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean, pour trouver des façons d’aider ces gens dans les prochains mois. Quelques idées ont d’ailleurs été́ réalisées telles que la création d’un centre de jour. « Un centre de jour sera placé au centre-ville de Chicoutimi afin que les personnes en situation d’itinérance puissent s’y réchauffer. Celui- ci serait ouvert pendant douze heures », affirme le directeur.
Également, le 5 octobre dernier, la soupe populaire de Chicoutimi a rouvert ses portes. Fermée depuis la fin du mois mars, les itinérants peuvent maintenant profiter des services offerts par la soupière. Chaque midi de la semaine, l’établissement est en mesure de fournir plus de quatre-vingts repas à sa clientèle.
Le 24 avril dernier, une étude a été menée par le ministère de la Santé et des Services sociaux sur le nombre de personnes itinérantes par région. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean fait bonne figure en étant la région dénombrant le moins de personnes en situation d’itinérance visible. D’après la statistique, la région compte 134 personnes. Le bilan provincial est de 5789. Mais avec la situation actuelle, ces chiffres risquent de changer dans les jours à venir.