Soif d’aventure, envie constante de nouveauté, adrénaline : voilà ce qui a poussé Stéphanie Bilodeau à quitter son emploi et son appartement pour vivre dans sa voiture et voyager dans l’ouest canadien l’an dernier. Aujourd’hui installée dans sa van, elle est sur la route vers l’île de Vancouver.
« Je n’ai pas de chum ni d’enfants, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais si je voulais vivre mon rêve », raconte celle qui vit dans sa van depuis la quarantaine.
Pour sa part, Roxanne Dupont, travailleuse autonome et propriétaire de deux chats, transforme présentement sa van pour pouvoir se déplacer vers l’Ouest canadien durant l’hiver. Fière de son achat, elle partage des capsules vidéo sur Youtube de son processus de « retapage » de son Dodge Ram 1988. Un intérieur couvert de vieux tapis, autant sur le sol qu’au plafond, et un plancher de bois rempli de clous demandent beaucoup de travail à la femme de 26 ans.
Arracher, transformer, retaper
« C’est pas juste un processus de démolition pendant lequel tu fais juste donner un coup de masse dans les meubles, il faut faire attention parce qu’il y a des détails cachés », raconte Roxanne, qui a rencontré un problème électrique lorsqu’elle s’est mise à tout enlever. À l’aide d’outils qu’elle est allée acheter à la quincaillerie, elle a coupé, arraché et retiré tout ce qui se trouvait à l’intérieur.
Un Ford Econoline sans plancher ni base de lit, c’est dans cet état que Stéphanie Bilodeau a acheté son véhicule récréatif. « J’ai arraché tout ce qu’il y avait pour peinturer et mettre un plancher de vinyle », explique celle qui se trouve présentement sur la route.
Cet été, avant de partir officiellement, elle y a emménagé tout en étant installée dans la cour de son amie. Elle s’est vite rendu compte que le plafond était trop bas. « Je ne pouvais pas être debout dans ma van, ce qui est un problème quand on prévoit vivre dedans, raconte-t-elle. J’ai donc fait installer un toit plus haut, surélevé ».
Un intérêt en hausse
Ces deux femmes ne sont pas seules à viser ce mode de vie nomade. Une étude de Outbound Living faite en 2018 auprès de 725 personnes qui possèdent une van à travers le monde démontre que 51% d’entre eux y vivent à temps plein.
L’engouement de ce mouvement au Québec se fait sentir de plus en plus grâce à des compagnies comme VanLife Montréal. L’entreprise offre tout ce dont les gens ont besoin pour en apprendre davantage sur ce type de véhicules qui permet de transporter sa maison en rentabilisant l’espace.
« La vanlife c’est vraiment une mentalité de vie, rapporte Catherine Vachon, directrice marketing chez VanLife Montréal. Les gens qui s’intéressent à ce mode de vie recherchent un retour aux sources qui va leur permettre de vivre de manière minimaliste en faisant le ménage de leurs vieilles choses. »
Vivre avec moins
Minimalisme, zéro déchet et véganisme sont des concepts que Roxanne Dupont a déjà incorporés dans son quotidien. « Vivre dans une van est synonyme de développer un mode de vie simple, ce à quoi j’aspire », confie-t-elle. En fait, il ne s’agit que de la finalité de la manière dont elle vit déjà.
Toutefois, pour Stéphanie, se départir de vêtements et d’objets qu’elle possédait a représenté un défi. « Pendant ma quarantaine, j’ai constaté que j’avais beaucoup trop de stock, dit-elle en riant. Il faut vraiment être minimaliste quand on habite là-dedans. »
La douche rangée dans un tiroir, un lit surélevé pour permettre le rangement en-dessous, tout est rentabilisé dans cette petite maison mobile. L’ambassadeur de VanLife Montréal, Dominick Ménard, vit depuis quatre ans de cette manière : « Selon moi, l’espace ou l’accessibilité d’un élément devrait être proportionnel à son utilisation », explique-t-il.
La planche à neige de Stéphanie est rangée entre ses deux toits, où il y a un espace d’environ six pieds de profondeur. « L’affaire c’est que je ne suis pas super grande, donc au fond de cet espace je range des choses dont je ne me sers pas souvent parce que je ne suis pas capable de les atteindre », raconte-t-elle avec un ton rieur.
Et le travail ?
En tant que responsable de réseaux sociaux, Roxanne peut continuer de faire son travail sur la route à l’aide d’un Skyroam. Ce boîtier rond transforme le réseau cellulaire en connexion Internet. « J’ai beaucoup de données cellulaires, ce qui me permet de faire ça », dit celle qui obtient différents contrats pour subvenir à ses besoins.
Stéphanie, elle, va s’installer dans un camping pour l’hiver à Nanaimo en Colombie-Britannique où la température est beaucoup plus clémente qu’au Québec. « Je prévois me trouver un emploi de serveuse près de là », confie-t-elle.
Ce n’est pas toujours rose
« On voit souvent des gens qui publient des photos sur Instagram quand ils sont en van, sur le bord d’un lac, en disant qu’ils dorment là. Oui, ça arrive de trouver des beaux spots comme ça, mais la réalité c’est souvent qu’on doive dormir dans des stationnements », raconte Dominick qui tente de rester authentique et de montrer la réalité sur ses réseaux sociaux.