« Chacun a la liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication. » – Article 2b), Charte canadienne des droits et libertés
Liberté d’expression : un droit auquel chaque humain devrait avoir accès.
Pourtant, chaque jour, dans plusieurs régions du monde, des Hommes sont persécutés pour avoir donné ouvertement leur opinion. Des journalistes, des défenseurs des droits de la personne et des citoyens sont menacés, voire même battus et agressés. Les pays avec des régimes autoritaires sont les plus connus pour restreindre les libertés, mais ils ne sont pas les seuls. À différents degrés, chaque pays restreint les libertés d’expression ou de la presse. Ici, la Charte canadienne des droits et libertés protège les citoyens d’une répression gouvernementale. Ce qui signifie qu’un citoyen canadien s’exprimant sans contrevenir aux limites ne peut pas se faire persécuter ou punir pour son geste. Qu’elles soient jugées comme abusives ou simplement logiques, les limites qu’imposent les lois peuvent être contestées. Au Canada, les limites sont, entre autres, imposées par les articles 318 à 320 du Code criminel. Par ceux-ci, il est donc illégal, même au nom de la liberté d’expression, pour une personne de conseiller le suicide à quelqu’un, de remettre en question des vérités ou des faits, d’inciter à la violence ou à la haine, de vandaliser des lieux religieux ou communautaires et de produire du matériel pornographique avec des jeunes de moins de 18 ans.
« La liberté d’expression au Canada n’est pas absolue. Elle connaît des limites, et c’est normal. On ne peut pas faire de la propagande haineuse, nier l’Holocauste, proférer des insultes et dire que c’est au nom de la liberté d’expression. Absolument pas. » -Karim Benyekhlef, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Montréal.
Partie intégrale de notre société en 2021 : les réseaux sociaux.
Il est important de savoir que derrière son écran, les limites de la liberté d’expression sont toujours présentes. De plus, les réseaux sociaux ont leur propre politique de confidentialité. Quiconque contrevenant à celle-ci peut se voir retiré de la plateforme ou puni par la loi. Ce qui explique la pertinence de ce paragraphe, c’est le récent bannissement de Donald Trump de Twitter, Facebook et autres plateformes. Une décision prise par les différents dirigeants des réseaux dans le but de prévenir d’autres événements comme ce qui s’est produit au Capitol le 6 janvier dernier. Certains de ses « tweets » ont été perçus comme de l’incitation à la violence et auraient donc favorisé les partisans à prendre d’assaut le lieu symbolique. Alors que le président se voit retirer le droit de publier sur le web, les opinions, elles, ne cessent d’affluer. Une personne ayant un titre comme celui de président des États-Unis et qui se voit privé de donner son opinion est une situation digne de controverse. Mouvement pour la protection de la société, signe que les réseaux sociaux contrôlent les personnalités qui seront perçues comme influentes par la société ou simple entrave à la liberté d’expression qui a coûté la présence sur le web au président ? Chose certaine, cette situation amène plusieurs questionnements sur le pouvoir des réseaux sociaux dans une démocratie. Une situation comme celle-ci nous rappelle que les publications sur le web sont réelles et que les mots choisis doivent être réfléchis. La liberté d’expression sur le web doit respecter les règles.
« Ce n’est pas parce que c’est sur Internet que la loi ne s’applique pas. Derrière un écran, les gens se croient à l’abri, mais ils ne le sont pas » -Karim Benyekhlef, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Montréal.
Le classement mondial de la liberté de presse 2020 réalisé par Reporter sans frontières (RSF) indique que le Canada est en 16e position. Ce qui signifie une augmentation de 2 positions. Le Canada qui était en 18e position lors du classement de 2019. Bien derrière la Norvège qui occupe le 1er rang du classement, le Canada progresse. Il est un pays engagé dans la protection de la liberté de la presse depuis 2019. En effet, en collaboration avec le Royaume-Uni, le Canada a mis en place la Coalition pour la liberté de la presse en juillet 2019. Cette coalition est une alliance internationale entre tous les pays voulant soutenir la liberté de la presse et voulant lutter en sa faveur.
« Des médias qui pensent librement et qui sont indépendants et respectés sont au cœur de toute démocratie. L’un ne peut exister sans l’autre. C’est pourquoi le Canada continue de défendre la liberté de la presse et de condamner toute tentative de l’étouffer. C’est également pourquoi, en collaboration avec les autres membres de la Coalition pour la liberté des médias, le Canada demande à tous les États de protéger l’accès à des médias libres et d’appuyer la libre circulation de l’information durant cette » -Le premier ministre Justin Trudeau lors de sa déclaration à la Journée mondiale de la liberté de la presse.
En tant qu’étudiante en journalisme, la liberté d’expression dans les médias, soit la liberté de la presse, m’inquiète. Un récent bilan de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a sonné une cloche à mes oreilles. Comment se fait-il que le bilan de l’observatoire de l’UNESCO rapporte 894 assassinats de journalistes lors de la décennie 2010-2019? La majorité des morts ont eu lieu dans des zones qui n’étaient pas en conflit militaire. Ce même bilan confirme que 90% des journalistes étaient locaux. C’est environ 805 journalistes qui ont été assassinés dans leur propre pays. Un autre rapport publié par l’UNESCO , « Intensification des attaques, nouvelles défenses : derniers développements dans le combat pour protéger les journalistes et mettre un terme à l’impunité », expose que les journalistes sont de plus en plus victimes de violences, d’agressions et d’emprisonnement suite à leur travail. Plus de 90% des agresseurs de toutes sortes restent impunis. Selon Reporter sans frontières (RSF), à ce jour, il y a 267 journalistes et 120 journalistes citoyens emprisonnés. Des chiffres qui donnent des frissons. Des chiffres qui ME font peur. Femme , étudiante en journalisme, qui rêve de travailler à l’étranger, comment dois-je interpréter ces données ? Doivent-elles m’inciter à changer de carrière ? Ce serait donner raison à tous ceux luttant contre la liberté d’expression. Doivent-elles me convaincre d’essayer de faire une différence dans le monde? Ce serait mettre ma vie en danger. J’ai souvent entendu dire que les mots étaient plus puissants que n’importe quelle arme sur terre. Pourtant, à l’instant même, lorsque j’apprends que 90% des crimes commis sur des gens ayant écrit des opinions ou des faits n’ont pas été punis, ce sont les armes qui me semblent beaucoup plus puissantes.
« En ces temps sans précédent, nous devons redoubler d’efforts et faire front commun pour protéger la liberté des professionnels des médias, chez nous, comme à l’étranger.» –François-Phillipe Champagne, ministre des Affaires étrangères.
Les mots sont puissants, c’est vrai.
La preuve: longtemps des livres ont été placés à l’index, et ce, pas plus loin que dans notre province. Des livres, rien de plus que des pages noircies de mots, ont été inaccessibles à la population pendant longtemps, trop longtemps. C’est ici un bel exemple de censure, de limite à la liberté d’expression , dans un pays démocratique. Bien que l’index n’ait plus sa place en 2021, la censure, elle, a toujours lieu dans le domaine artistique. Peintres, écrivains, chanteurs, humoristes et bien plus encore jouent chaque jour avec les limites de la liberté d’expression. D’autres préfèrent se censurer afin de ne pas s’approcher de la limite de l’acceptable. Je ne jugerai pas leur choix, je vais simplement juger le fait qu’ils doivent faire un choix. Dans un pays où la liberté d’expression est si favorisée, comment se fait-il qu’un artiste doive imposer des limites à son art ? Un roman, une pure fiction, ne devrait-elle pas laisser la place à toute l’ampleur de l’imagination de son auteur? Ici même, dans la province , des arrestations pour pornographie juvénile ont eu lieu en 2018, suite à la publication d’un roman. Yvan Godbout , auteur du livre Hansel et Gretel et Nycolas Doucet, le directeur général des éditions AdA , ont été arrêtés à la suite de la publication de ce roman contenant une scène d’agression sexuelle sur une jeune fille de 9 ans. C’est une femme qui a porté plainte en début 2018, pour un passage trop explicite à son goût. Ce dit passage, d’une page, sur plus de 250, a fait l’objet d’une enquête et d’un procès devant la Couronne pour production et distribution de pornographie juvénile. Ce genre d’arrestation n’avait pas vu le jour au Québec depuis les années 1960. Pour avoir moi-même lu ce roman, je ne considère nullement ce passage comme le pire que j’ai pu lire. De nombreux autres auteurs d’épouvante ont écrit des choses d’autant plus choquantes: des scènes de décapitation, d’agressions multiples, de torture à l’état pure. Suite à l’analyse de ce cas, la tolérance de la population semble être une limite à la liberté d’expression. Si la tolérance personnelle est réellement une limite, comment savoir quels paroles, gestes ou écrits imposeront des conséquences ? C’est dans l’optique de ne pas recevoir de réprimandes que certains citoyens s’autocensurent et font preuve de prudence extrême. En ce qui touche le domaine artistique, les librairies peuvent choisir de ne pas tenir un livre dans leurs rayons, les auteurs peuvent choisir de ne pas aller au bout de leurs mots, un spectacle peut être annulé… Toutes des choses ayant eu lieu dans les dernières années.
«La liberté artistique est la liberté d’imaginer, de créer et de distribuer des expressions culturelles diverses sans censure gouvernementale, interférence politique ou pressions exercées par des acteurs non étatiques.» -UNESCO
Des faits, c’est ce qu’un journaliste rapporte.
Un réseau social, un lieu où l’expression est possible.
Une fiction, c’est ce qu’un roman représente.
Des émotions fortes, c’est ce que l’art peut provoquer.
Des opinions, c’est ce que nous pouvons partager avec les autres.
La liberté d’expression, la liberté de la presse et la liberté artistique sont des droits que nous avons. Protégeons-les.