À l’été 2020, agressions, agresseurs et culture du viol ont été dénoncés par milliers sur les réseaux sociaux au Québec. Une réflexion sur la notion de consentement a dès lors poussé le Québec à réfléchir à savoir si l’éducation à la sexualité réintégrée en 2018 au programme scolaire québécois est suffisante pour une société plus saine.
Si une nouvelle liste de contenu d’éducation à la sexualité a été intégrée en 2018, c’est respectivement 5 et 15 heures qui sont accordées aux cours d’éducation sexuelle au primaire et au secondaire sur 185 jours de classe. « Quand tu discutes avec une classe, un seul sujet peut prendre des heures à aborder, cinq heures pour l’année c’est ridicule », pense le professeur du cours Biologie et sexualité du Cégep de Jonquière Jean-François Lambert.
La sexologue Estelle Cazelais, fondatrice de l’organisme Les ateliers SexURL, ne croit pas que la problématique se cache dans le contenu des cours. « J’adore les contenus, seulement, les jeunes n’ont jamais été interpellés pour le programme développé au Québec. Il aurait fallu consulter des jeunes, des gens de la diversité culturelle, sexuelle et de genre qui auraient pu nommer les besoins. »

Il ressort d’un rapport de l’organisme de prévention CDN-NDG publié en 2019 après le retour des cours dans le cursus scolaire, que les jeunes souhaitent, entre autres, voir leurs cours offrir des témoignages pertinents, des mises en contexte plus inclusives impliquant les minorités sexuelles, l’utilisation de mots exacts et des adultes à l’aise avec le sujet.
D’une école à l’autre, on remarque une disparité dans l’application de l’enseignement. Si les écoles privées font appel aux sexologues pour la transmission des connaissances, ce n’est pas le cas partout. Il devient difficile d’appliquer le contenu prévu par le ministère si les enseignants ne sont pas à l’aise avec le sujet et que les budgets sont limités. En 2019, Le Devoir dénonçait le manque de financement du gouvernement, soit 4,73 $ par élève, accordé par année, pour l’éducation sexuelle.
Selon la sexologue Estelle Cazelais, un manque d’éducation se fait remarquer. « On voit qu’il y a toujours des débats sur les violences à caractère sexuel. On est encore dans la recrudescence des ITSS et on ne se fait pas vraiment éduquer aux relations saines, au consentement et aux notions de respect. »

« Chez les jeunes qui arrivent du secondaire et qui suivent mon cours, présentement, la connaissance est pratiquement absente. Il y a beaucoup de tabous autour de la sexualité et c’est problématique », explique l’enseignant Jean-François Lambert.
Pour Estelle Cazelais, les écoles ne sont pas assez outillées. « Même si beaucoup d’enseignants travaillent à faire de l’éducation à la sexualité, ça demande beaucoup puisque ce sont des réflexions morales. La sexualité a beaucoup de dimensions et je souhaite profondément que l’éducation sexuelle redevienne un cours. Seulement, on va devoir avoir des enseignants parfaitement formés. »
