Je suis une fille de campagne, une vraie. Le seul endroit où j’ai habité dans ma vie c’est dans un rang, avec un champ agricole comme cour arrière et une grange comme maison dans les arbres. Mon paradis, c’est un chemin de terre et mon motocross. Il vente à écorner les bœufs, il pleut des cordes, des chevreuils se promènent sur mon terrain et je suis trop souvent tombée nez à nez avec une mouffette à toute heure de la journée. Pourtant, jamais au monde je n’aurais souhaité grandir ailleurs.
L’odeur du fumier ça ne me fait pas peur, je sais changer un flat sur une voiture et conduire un tracteur. Quatre roues, ski-doo, motocross, si ça possède un moteur et au moins deux roues je le conduis déjà depuis que j’ai quatre ans. J’ai passé ma jeunesse à corder du bois et porter des bottes à cap roses. Si je n’ai rien à faire, je me retrouve rapidement dans le garage avec mon père à m’amuser sur son nouveau projet.
Si je le pouvais et que le gaz n’était pas aussi cher, je promets que je conduirais un pick-up. Mon activité préférée de l’été c’est d’embarquer mon motocross dans le trailer et partir avec ma cousine explorer un nouveau pit de sable. Si je pouvais passer ma vie dans le bois, je n’hésiterais même pas une seconde. Ma caméra roll est remplie de photo de paysage que j’ai la chance de voir tous les jours seulement en regardant par la vitre de la porte patio.
Lorsque j’écris ces lignes, la première neige tombe à l’extérieur et je m’imagine déjà en train de rouler sur les pistes de motoneige avec ma cousine en route vers notre relais préféré.
Ma garde-robe est principalement composée de chemises à carreaux. J’ai plus de vêtements pour « aller dans le garage ou me salir » que de vêtements de tous les jours. Quand je magasine, je choisis des morceaux qui seront utiles dans le moment et qui seront adéquats quand le temps de les porter dans le garage sera venu.
Je sais déjà que peu importe où je vais vivre plus tard, mon chum et mes enfants vont faire du motocross et je vais devoir vivre à moins de 30 minutes de la forêt la plus proche. Obligé. À mon futur chum, je te conseille de m’inviter dans le bois avant de m’inviter au restaurant.
Une fille de campagne, ça aime le bois, le froid, la pluie, la neige, la chaleur, l’odeur de la pelouse, avoir les mains sales, mettre des chemises à carreaux, rouler dans la bouette, les couchers comme les levers du soleil, les épluchettes de blé d’inde, le vent, la mécanique, la lecture… Mais ce que ça aime le plus, c’est annuler une journée en ville pour aller dans le bois.
Parce que tu peux sortir la fille de la campagne, mais pas la campagne de la fille.