Dans le cadre de leur cours d’architecture et innovations scientifiques, Camille Gendreau et Emmanuelle Tessier, deux étudiantes du collège Jean-De-Brébeuf à Montréal, ont conçu les plans pour la création d’un banc de parc capable de se transformer en abri temporaire pour les personnes itinérantes.
Étudiant toutes les deux en santé, c’est avec ce cours complémentaire que les deux étudiantes ont vraiment appris à se connaître : « On se connaissait de nom, mais sans plus, c’est quand on a commencé à travailler ensemble sur le projet que ça a cliqué », dit Camille.
Leur objectif était de concevoir une structure répondant à un besoin social. Elles ont alors automatiquement pensé aux sans-abris qui ont, pour la plupart, de la difficulté à se loger la nuit. « Il fallait que ça soit facile d’accès et assez grand pour qu’une personne puisse s’y coucher en étant protégée par quatre murs », soulignent-elles.
Déjà qu’en temps normal il est compliqué pour les itinérants de subvenir à leurs besoins, une difficulté supplémentaire s’est ajoutée avec les mesures de distanciation mises en place par le gouvernement. Avec la fermeture de la plupart des lieux publics, les sans-abris n’ont quasiment nulle part où se réfugier. Les restaurants ou les bibliothèques faisaient partie de ces lieux. Les toilettes sur place leur permettaient de garder une bonne hygiène.
Après multiples réflexions, leur choix s’est finalement posé sur un banc de parc, mais pas n’importe lequel. En effet, trois panneaux, donc le dossier, sont en mesure d’effectuer une rotation autour du banc, qui lui permet de se transformer en un lit de 2 mètres sur 0,9 mètre permettant à n’importe qui de s’y coucher. La structure comporte aussi un rangement en dessous du lit. L’innovation peut également se barrer de l’intérieur pour raison de sécurité. La forme cylindrique est pratique, car elle permet de mieux conserver la chaleur à l’intérieur. « C’est utile, car un banc de parc ça peut se retrouver n’importe où. De plus, c’est très simple à utiliser », dit Emmanuelle.
Camille et Emmanuelle voudraient également que leur banc puisse être placé dans les aéroports, les écoles et les hôpitaux. Trois lieux où des personnes peuvent être tentées de prendre du repos. Les adolescentes avancent la possibilité de demander de l’argent à ceux désirant les utiliser dans ces lieux publics. Les bancs pour les sans-abris sont eux, écartés de cette possibilité.
Leur projet a cependant pris une tout autre tournure lorsque leur professeur, impressionné par ce qu’elles avaient conçu, les a inscrits à un concours international d’architecture. Cette expérience leur a donné le goût de continuer : « Ça nous a grandement motivés. Depuis, on n’a pas cessé de travailler sur notre projet hors des heures de cours. Ça peut parfois être difficile avec l’étude, mais on réussi tout de même à trouver du temps », souligne Camille Gendreau.
Elles ont d’ailleurs pu s’entretenir avec l’ancienne dirigeante du département des sans-abris de l’hôpital Douglas à Montréal, madame Annie Larouche, qui s’est dite très enthousiasmée par leur projet : « Elle nous a dit que ce serait très utile pour approcher les sans-abris classés dans l’itinérance cachée, les travailleurs sociaux pourraient faire le tour de nos infrastructures la nuit ou le lendemain matin pour tenter de les aider », affirment-elles.
Selon l’Institut de la statistique du Québec, l’itinérance cachée est représentée par la catégorie de personnes qui vivent temporairement avec d’autres ménages pour répondre à leurs besoins.
Camille et Emmanuelle sont maintenant en instance de brevet donc peuvent commencer à parler publiquement de leur projet et à travailler avec des professionnels afin de commencer les démarches de production. Elles ont cependant de la difficulté à trouver quelqu’un qui aurait de l’intérêt à le fabriquer en usine : « Dans le milieu de l’usinage au Québec, la création de ce genre de mobilier urbain est une première, nous essayons donc de trouver des intéressés à concevoir une démo de notre banc », souligne Camille Gendreau.
Les deux étudiantes ne se cachent pas qu’elles pourraient faire de ce projet leur travail à temps plein dans le futur : « On a de l’amour pour ce qu’on est en train de réaliser […] en plus on se complète parfaitement, moi je me concentre plus sur le design et Manu davantage sur la recherche et les aspects plus scientifiques, comme par exemple, les matières à utiliser pour la confection », dit Camille.
Emmanuelle et Camille se concentrent maintenant sur l’édition d’Expo-sciences en Mars prochain. Elles espèrent pouvoir y gagner l’une des nombreuses bourses offertes et avoir de la visibilité auprès de la communauté scientifique.
Vous pouvez les encourager en allant les suivre sur leur page Instagram: @a.p.p.u.i