Un premier cas de COVID-19 a été signalé au Québec le 28 février 2020. Ça ne pouvait pas nous arriver, ça arrive toujours ailleurs. Maintenant, nous sommes tous dans le même panier, les travailleurs ont dû changer leur façon de travailler. C’est le cas pour les embaumeurs qui ont dû adapter leurs techniques d’intervention.
Le centre funéraire du Saguenay a dû faire en sorte de respecter toutes les directives de la santé publique. Pour l’embaumeur Pierre Pettigrew qui fait ce travail depuis 20 ans, sa routine est « dérangée » explique le croque-mort. « Pour débuter, nous demandons au client si le décès est dû au virus, si la réponse est négative nous portons seulement le masque. Par conséquent, si la réponse est positive nous utilisons une procédure importante. Nous devons porter le E.P.I. (équipement de protection individuel) c’est-à-dire, masque, couvre-chef, combinaison corporelle. Ensuite, nous mettons le tout dans des déchets biomédicaux. » Explique-t-il. Il enchaîne avec « Qu’est-ce qui est plate c’est que l’année dernière le docteur Aruda nous a fait parvenir un mémo comme quoi nous ne pouvons pas embaumer quelqu’un qui est décédé de la COVID. » Pierre explique par la suite que le Québec est la seule province au Canada avec l’interdiction d’embaumer une personne décédée du virus. Ici, les thanatologues amènent l’individu directement à la crémation, aucune présentation à la famille n’est autorisée. Il explique qu’à la première vague au Saguenay le nombre d’embaumements n’a pas augmenté, « nous ne l’avons aucunement ressenti. » Dit-il. « La deuxième vague c’est fou, ça nous frappe » enchaîne-t-il.
« Nous ne savons toujours pas si le virus est contagieux pour nous lorsque la personne est décédée du COVID. Nous travaillons dans l’inconnu. » Le métier de thanatologie est rempli de clichés et reste souvent dans l’ombre.
Avoir un père qui travaille avec les morts
Pierre a 3 enfants, l’aînée, Rose Pettigrew, 13 ans, trouve ça « cool » avoir un père thanatologue.
Rose s’intéresse au métier de son père depuis qu’elle est toute petite. Lorsque Rose était jeune, elle voulait faire la même chose que lui, « Je trouve ça original, complexe et super enrichissant. » L’adolescente ne trouve ce travail aucunement gênant, au contraire, elle est super fière de son père. Rose fait parfois face à des préjugés tels que « est-ce qu’il apporte des morts à la maison ? » ou « les gens pensent que mon père est spécial parce que les films créés des préjugés, c’est toujours un vieux monsieur, solitaire et différent de tout le monde. » Elle croit que les gens ont peur de ce métier parce qu’ils ne le connaissent pas. Rose enchaîne avec « Les gens qui trouvent ce métier «dégueu» et qui n’ont pas de respect pour ce travail, ils sont « caves » parce que c’est un métier super important. » Finalement, la jeune fille trouve que cet emploi à quelques inconvénients… « Des fois, les soirs de Noël, le jour de nos anniversaires, au jour de l’an ou même quand on soupe en famille il peut se faire appeler et il est obligé d’aller travailler, chercher quelqu’un de mort. Aussi, il travaille avec les virus, maladies à longueur de journée, ça me fait peur. »
Pour résumer, ne vous fiez pas à l’image que projette les embaumeurs dans les films, nous avons besoin d’eux ! Les embaumeurs font à la fois le travailles de styliste, maquilleur, esthéticien et en plus de faire le gros du travail. Remerciez-les, ne les fuyez pas !