Caissier. Plongeur. Serveur. Emballeur. Des emplois étudiants classiques pour arrondir les fins de mois. À 18 ans, Élira Saint-Onge s’écarte de cette conformité. Élève en criminologie le jour, elle est drag queen la nuit. Connue sous le nom de Néon dans le milieu, elle pratique cet art depuis un an et demi dans les bars de Montréal.
Celle-ci a toujours été intéressée par la mode, l’humour, la danse et la musique. Différentes disciplines qui sont les piliers du drag. Aux yeux du grand public, cet univers semble toucher seulement les drag queens, mais il y a aussi des drags king. « Le drag c’est un art qui utilise comme médium l’identité de genre. […] Il n’y a pas de genre ni de sexe relié au drag. N’importe qui peut faire du drag », explique Élira.
Elle est la preuve qu’avec de la volonté et de la passion, on peut tout faire. Elle s’occupe de l’écriture, de l’animation, des chorégraphies, des costumes ainsi que du maquillage. Bref, la jeune artiste doit porter plusieurs casquettes pour concevoir ses numéros : « Les gens ne réalisent pas nécessairement le travail derrière le drag. C’est pour ça que c’est vraiment important de tiper ses drag queens. ». En effet, les vêtements, les perruques et le maquillage, ce n’est pas gratuit. Ce sont elles qui doivent payer pour leurs accessoires.
Pour sa part, elle a commencé cette pratique au secondaire. Élira n’a eu aucune formation liée à l’esthétique ou à la scène, elle a tout appris par elle-même. Dans le cadre de son projet personnel, elle a monté un spectacle de drag intitulé Néon : Le Glow-Up. À l’occasion, Élira avait engagé des drag queens de Montréal. Ça a été une véritable réussite : les deux représentations ont été complètes.
Depuis, elle ne s’est pas reposée sur ses lauriers. Alors qu’elle avait encore 17 ans, elle a été engagée pour participer à Fierté Montréal. Le plus grand rassemblement de la communauté LGBTQ+ (l’acronyme de Lesbiennes, Gais, Bisexuels, Transgenre, Queer et le « + » désigne l’inclusion d’autres identités sexuelles ou de genres) dans la francophonie. C’est son plus grand accomplissement à ce jour.
Un de ses rêves serait de participer à Drag Race Canada, la version canadienne de la populaire émission américaine RuPaul’s Drag Race. C’est une compétition de téléréalité où des drag queens, plus éblouissantes les unes que les autres, s’affrontent à travers différentes épreuves. Le gagnant remporte une cagnotte de 100 000 $. À long terme, elle aimerait avoir son propre spectacle et se consacrer beaucoup plus à la musique dans l’éventualité de sortir un album.
Le drag a pour objectif de divertir, mais aussi de faire réfléchir. Il ne faut pas oublier que l’histoire des minorités sexuelles a été marquée par l’intimidation, le rejet, la maladie mentale, la discrimination, les agressions, la stigmatisation et d’autres injustices. C’est pour ces raisons que la vocation première de est de rester activiste pour la défense des droits LGBTQ+ : « Je peux avoir la paye que je veux, la récompense la plus importante c’est la réaction des gens, des jeunes, des jeunes trans qui me disent que j’ai changé leur vie ou que me voir m’affirmer, ça les a fait s’affirmer eux-mêmes. […] Je suis là pour n’importe quel jeune queer qui a besoin de s’affirmer ou d’avoir un modèle. Des plus jeunes, et des plus vieux aussi. »
Si vous voulez voir Néon en spectacle, je vous conseille d’aller au Mado ou au Cocktail, deux bars montréalais réputés pour leurs numéros de drag. Sinon, vous pouvez la suivre sur Instagram où elle publie régulièrement du contenu.