Au Canada, le gaspillage alimentaire entraîne des pertes d’environ 31 milliards de dollars selon le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Plusieurs moyens sont à la disposition des citoyens pour réduire ce bilan.
Le gaspillage alimentaire, ça vous dit quelque chose ? En bref, le gaspillage alimentaire, c’est le fait de jeter toute nourriture ou biens destinés à la consommation. Ce phénomène se produit dans toutes les étapes de la production et de la vente alimentaire : des champs, aux tablettes de l’épicerie et assiettes des restaurants. Tout au long de cette chaîne alimentaire, c’est 58% de la nourriture canadienne qui est jetée. Bien que certains de ces déchets soient inévitables, comme les os ou les coquilles d’œufs, c’est environ 11,2 millions de tonnes d’aliments qui sont jetés alors qu’ils auraient pu être récupéré. Cette quantité représente assez de nourriture pour alimenter tous les Canadiens pendant environ 5 mois selon RECYC-QUÉBEC.
En tant que citoyen, nous sommes responsables de 47% du gaspillage alimentaire, contre 53% pour les industries selon la MAPAQ. Le rôle des ménages n’est donc pas à sous-estimer. Plusieurs actions connues et moins connues sont possibles d’être faites par tous. La réduction, la planification des repas, la congélation et la réutilisation sont souvent les premiers moyens que nous pensons à utiliser pour faire notre part.
Toutefois, certaines personnes ont décidé de mettre fin à leurs sorties à l’épicerie et de se tourner vers le déchétarisme ou dumpster diving. Le déchétarisme est en fait un terme désignant les personnes ayant fait le choix de fouiller les ordures de grands magasins pour aller en chercher les biens encore consommables. Il ne s’agit pas ici que de l’alimentation, mais de tous les biens, comme les vêtements, les produits de pharmacie et autres. Ce mouvement est controversé juridiquement. D’un point de vue légal, cette pratique se situe en zone grise puisqu’une fois mis dans un conteneur, la nourriture est considérée comme abandonnée. Par contre, elle est encore sur le terrain d’un commerce. Un commerçant peut donc demander aux autorités de venir chasser les dumpster divers, mais la décision d’intervenir ou pas revient aux policiers. Les dumpsters divers sont majoritairement présents sur l’île de Montréal, où les groupes sur les réseaux sociaux ont vus leur nombre d’abonnés monter en flèche dans les 5 dernières années, selon Lany Chabot-Laroche, un adepte du déchétarisme.
Les motivations derrière chaque dumpster divers sont différentes. Certains en font un réel mode de vie puisque le gaspillage alimentaire vient atteindre leurs valeurs les plus profondes. La conscience sociale et l’anti-capitalisme sont souvent des déclencheurs du déchétarisme. Toutefois, le facteur monétaire est aussi important. Faire son épicerie dans les conteneurs est économique, les grands adeptes y font 100% de leur épicerie chaque semaine. Ils y trouvent assez de produits pour varier leur assiette.
Les préjugés sont bien présents concernant cette pratique. Les adhérents réussissent par contre à démolir les vieilles idées assez rapidement seulement en montrant ce qu’ils ont réussi à récolter dans les poubelles. Lany souligne aussi que fouiller dans les poubelles n’est pas malpropre puisque tous les biens sont souvent dans des sacs, ce qui n’est pas dégoutant.
Prendre part à ce mouvement peut parfois être stressant, surtout pour la première fois. C’est pourquoi des groupes Facebook ont été créés afin de favoriser l’intégration des nouveaux membres et de leur permettre d’être accompagné d’un habitué pour leur première récolte. Procéder à une récolte n’a rien de compliqué : « C’est littéralement aussi simple que d’aller en arrière d’un commerce, d’ouvrir la poubelle et de regarder. C’est vraiment aussi niaiseux que ça. Mais j’avoue que la première fois, ce n’est pas nécessairement facile. »
Ici, au Saguenay, le déchétarisme n’est pas aussi d’actualité que dans la grande métropole. Cependant, des groupes anti-gaspillage alimentaire sont très actifs. Gratuivores Saguenay est d’ailleurs un groupe qui ne cesse de grandir dans la région. Il n’en tient donc qu’à nous de participer à la réduction du gaspillage alimentaire.
Audrey Pigeon