Depuis le début de la pandémie, en mars dernier, la situation du réseau de l’éducation est restée fragile et l’est toujours, dû en partie à la surcharge de travail que les enseignants et enseignantes ont eu à gérer. C’est d’ailleurs encore le cas dans plusieurs écoles primaires du Saguenay–Lac-Saint-Jean et ce, au détriment de ceux qui exercent la profession.
D’après des chercheurs de l’Université du Québec à Rimouski, « 14 % des professeurs songent à abandonner la profession, ce qui représente une augmentation d’environ 10 % par rapport aux années précédentes ».
Bien que les conditions sanitaires et la distanciation sociale aient apporté leur lot de complications, le fait d’avoir basculé en zone rouge et la diminution du nombre de cours en présentiel ont aussi eu leur part à jouer, notamment dans la restructuration de l’agenda scolaire et dans la méthode d’enseignement des instituteurs et institutrices.
Ces nouvelles façons de travailler ont constitué un réel défi dans le quotidien du personnel des établissements scolaires. Ceux-ci ont vu leur charge de travail s’accentuer en peu de temps en raison des différentes adaptations qu’ils ont dû effectuer, afin de s’ajuster aux restrictions imposées. C’est d’ailleurs avec le basculement vers les cours à distance qu’est née une remise en question du métier d’enseignant, engendrant ainsi un essoufflement général pour la plupart des professeurs du 1er au 3e cycle du primaire.
« L’enseignement à distance, c’est sûr que ça eu son rôle à jouer, pour certain. Je connais d’ailleurs certaines personnes qui ont devancé leur retraite, étant donné qu’on était encore dans le contexte des cours à distance […] », a mentionné Cindy Bouchard, enseignante des 4e et 5e années à l’École du Bon Conseil d’Hébertville-Station.
Également, la réorganisation complète des classes et le manque d’interaction et de proximité avec les élèves ont affecté autant la motivation que les apprentissages. La pédagogie des enseignants a aussi été revue pour permettre aux enfants de poursuivre leur cours au mieux, même via un écran.
« Il y a aussi le fait que les écarts entre les élèves se sont creusés, donc ça demande une plus longue période de révision […] des fois, même de revenir sur les apprentissages des années d’avant. C’est sûr que c’est une des causes, puis l’enseignement à distance ça demande tellement d’appropriations […] les réalités des élèves sont différentes aussi », a spécifié Mme Bouchard en entrevue.
D’autre part, l’abandon de postes à l’extérieur de la région a amené les grandes villes à se tourner vers d’autres personnes pour donner les cours dans les classes. La perte d’enseignants dans les écoles s’est montrée significative au cours des dernières années et a grimpé avec l’impact de la pandémie. La solution d’embaucher des professeurs « non qualifiés » pour un certain temps règle temporairement la pénurie, mais ne se trouve pas optimale en termes de partage de contenu pour les élèves, ou encore en ce qui a trait à la formation requise pour l’enseignement de certaines matières.