Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, seulement 4% du territoire permet aux agriculteurs locaux d’y cultiver leurs produits. À l’aube d’une ère de transformation et de prise de conscience environnementale, les cultivateurs de la région se serrent les coudes pour tenter de se battre contre les cultures de masse de l’extérieur, qui continuent de prendre de l’ampleur encore aujourd’hui. De L’Anse-Saint-Jean à Alma, l’enjeu reste le même : prioriser la place des productions locales de la région.
« En moyenne, c’est environ 2 500 km qu’un aliment de l’extérieur va faire avant de se rendre à l’épicerie. C’est six fois l’aller-retour entre Saguenay et Québec », affirme l’agente aux communications de la Zone boréale; Bénédicte Armstrong, une stratégie permettant l’identification des produits locaux sur les différents marchés. Cette statistique est notamment l’une des raisons qui expliquent pourquoi la situation inquiète les producteurs. Alors que des entreprises de Chine ou de Californie sont encouragées monétairement par des subventions afin de se trouver dans une assiette québécoise, les agriculteurs essaient d’attirer les consommateurs vers une approche plus verte.
« En moyenne, c’est environ 2 500 km qu’un aliment de l’extérieur va faire avant de se rendre à l’épicerie. C’est six fois l’aller-retour entre Saguenay et Québec »
La ferme en polyculture La ferme d’en haut, localisée dans le Bas-Saguenay, est l’une des nombreuses microcultures de la région qui essaie de prendre sa place dans le marché compétitif qu’est l’alimentation. Malgré ses initiatives de kiosque libre-service, de réservations des viandes de porcs et de veaux et des paniers de leurs récoltes, les défis sont de taille, selon l’équipe. « Le challenge, c’est de produire mieux, à faibles coûts, sans s’épuiser, mais surtout, sans s’endetter », explique le propriétaire de la ferme, Jean-François Bernier. Les agriculteurs de l’Anse-Saint-Jean restent optimistes et sont prêts à continuer d’affronter leur réalité plus ou moins idéale, car ils sont au courant de l’importance de leur travail non seulement pour les consommateurs, mais pour la planète.
Cependant, le virage vers l’achat des produits d’agriculture locaux ne fait que commencer. « Quand on pense vert… on pense proximité », selon Bénédicte Armstrong. Dans une ère où l’on priorise l’environnement quotidiennement, les acheteurs réalisent l’importance d’encourager les produits du Saguenay. « Tranquillement, ce ne sont plus que les jeunes qui se préoccupent de ça, les plus vieux développent eux aussi un certain engouement pour cette initiative », soutient Jean-François Bernier.
En vue de la demande de plus en plus populaire pour les produits locaux, le Saguenay–Lac-Saint-Jean est témoin de la naissance d’une plus grande variété d’entreprises et avec le temps, les pratiques ont changé. Selon la Zone boréale, la région compte maintenant plus de 100 cultures de fruits et légumes, 19 productions animales et 11 fermes laitières. Les entreprises qui naissent divergent des anciennes méthodes agroalimentaires et permettent aux acheteurs de diversifier leurs goûts et de piquer leur intérêt vers les aliments locaux. C’est grâce aux efforts de gens comme Jean-François Bernier et Bénédict Armstrong que les Saguenéens pourront continuer de consommer des produits d’ici.