« À tous les deux jours et demi, un féminicide est commis au Canada. À tous les deux jours et demi, un homme affirme sa domination sur une femme par ce geste ultime, horrible et sans équivoque », explique Ingrid Falaise, une comédienne, dans la série documentaire Femme, je te tue.
Un féminicide, par définition, est le meurtre d’une femme ou d’une fille en raison de son sexe. En 2021, au Québec, 26 femmes en ont été victimes : un record depuis 13 ans. La grande majorité de ces femmes ont été tuées dans un contexte de violence conjugale.
« C’est toujours une question de contrôle, c’est toujours fondé sur l’idée d’une supériorité des hommes, que les femmes sont au service des hommes. Quand l’accès au corps, à la sexualité est menacé, il y a un mouvement pour regagner le contrôle. Ce n’est pas une violence hors de contrôle, c’est une violence pour contrôler » confie Sandrine Ricci, sociologue et chercheuse doctorale à l’UQAM.
« La violence conjugale est une autre sorte de pandémie en ce moment. C’est très préoccupant », ajoute Claudine Thibaudeau de l’organisme SOS violence conjugale dans une entrevue accordée au Journal de Montréal.
Québec va de l’avant
Le 3 février, on apprenait que le bracelet anti-rapprochement pourrait être utilisé au Québec et dans l’ensemble du Canada dès le printemps 2022.
Le bracelet anti-rapprochement est un outil électronique qui permet la géolocalisation de son utilisateur est qui est composé de deux parties : d’abord le bracelet, porté par le contrevenant, puis un dispositif connecté au bracelet qui sera donné à la victime. Si le bracelet et le dispositif se trouvent trop près l’un de l’autre (c’est-à-dire que le détenteur du bracelet ne respecte pas la distance avec sa victime qui lui a été imposé), le corps policier sera alerté ainsi que la victime en question.
Le port d’un bracelet anti-rapprochement pourra être imposé par un juge, mais également par des directeurs d’établissements de détention, des agents de probation, des membres des services correctionnels et des commissaires de libération conditionnelle. La victime devra consentir à ce que son agresseur en porte un.
Pour la première phase de ce projet d’implantation de bracelet, dite « Phase test », 16 bracelets seront utilisés.
C’est une stratégie qui est déjà utilisée dans plusieurs pays européens, notamment l’Espagne et l’Australie, où le taux de violence a grandement chuté depuis l’arrivée du bracelet, ainsi qu’aux États-Unis.