Les sports électroniques feront leur entrée non-officielle aux prochains Jeux olympiques de Paris en 2024. Certains experts s’inquiètent des répercussions de l’introduction de la discipline, tandis que les amateurs et joueurs de jeux vidéo s’en réjouissent.
Pour Joey Rouges-Truchon, président de Montreal Gaming, une agence de consultation en eSport, l’annonce se faisait attendre dans le milieu depuis plusieurs années déjà. « Ça fait longtemps que je travaille sur ce cheminement-là [l’arrivée de l’épreuve], ça a commencé vraiment par petites bouchées, alors ce n’est pas arrivé soudainement ».
Selon le président-directeur général de Capsana, un organisme qui promeut la santé et les saines habitudes de vie, Guy Desrosiers, l’intégration du sport électronique est contradictoire à la mentalité des jeux olympiques. « Les olympiques ont pour mission de promouvoir l’activité physique […] et évidemment l’activité de jouer aux vidéos en tant que tel est une activité pleinement sédentaire ». La sédentarité peut être à l’origine de problèmes de santé physique ou mentale et de maladies chroniques importantes, selon M. Desrosiers.
« On a attaché beaucoup de choses aux jeux vidéo à travers les années », raconte M. Rouges-Truchon en parlant des effets associés à la consommation de jeux vidéo. Selon lui, il faut tracer une ligne entre le divertissement, les jeux vidéo, la performance et le eSport.
« Si on joue aux jeux vidéo seulement pour se divertir pendant 10 heures […] c’est un problème. Mais quand qu’on pense au eSport et on pense vraiment aux aptitudes qu’il faut [acquérir] comme être intelligent, encadrer son temps et mettre ça en application [de manière] constructive, ça vient vraiment mettre la séparation entre les deux. »
Les cyber athlètes se défendent en expliquant qu’ils doivent suivre un programme intense pour pouvoir compétitionner internationalement. Un plan alimentaire stricte, des entraînements physiques et garder un équilibre en matière de sommeil sont quelques exemples d’habitudes qu’ils doivent adopter pour performer. Pour être un athlète de haut niveau, il faut également avoir une coordination main-œil hors du commun et être apte à rester concentrer et posséder d’excellents réflexes. Selon l’ex-joueuse de jeux vidéo professionnelle, Stéphanie Harvey, les cyber athlètes peuvent faire en moyenne plus de 270 actions à la minute.
Cependant, malgré la préparation intensive qu’implique ce sport pour les joueurs, M. Desrosiers tient à rappeler que le public n’est pas témoin de cet entraînement. « Ce qu’on verrait dans une présentation de jeux vidéo ce n’est pas la préparation […] ce qu’on voit c’est son activité lors des jeux qui seront présentés à la télé et ce qu’on verrait c’est quelqu’un d’assis, on viendrait conforter la grande majorité des joueurs qui sont eux sédentaires et passifs. » L’image négative qu’apporte le sport électronique est donc plus néfaste pour les téléspectateurs qui eux regardent les cyber athlètes compétitionner depuis leur salon.
C’est un débat qui n’a pas fini de faire jaser puisque présentement on dénombre près de 2,7 milliards de joueurs à travers le monde. Pendant que le nombre d’adeptes augmente à un rythme sans précédent, des experts en santé dénoncent les effets néfastes que peuvent avoir les jeux vidéo, notamment les risques de dépendance qui y sont associés. L’OMS avait annoncé en 2019 que le trouble du jeu vidéo était ajouté à la liste des troubles de dépendance.