La confiance de la population en les institutions politiques s’est effritée au cours des dernières années et la pandémie n’a certainement pas amélioré la situation. C’est ce que 43% des Québécois ont rapporté dans une étude menée par l’Institut de la confiance dans les organisations (ICO).
Cette chute de confiance s’explique entre autres par la rigidité du cadre politique qu’a imposé la pandémie ces derniers mois. Cependant, la pandémie n’est pas le seul facteur à avoir affecté la confiance des Québécois en le système politique.
Le rôle des réseaux sociaux
Marie-Hélène Tremblay, bachelière en sociologie à l’UQAM et enseignante au Cégep de Jonquière explique que les réseaux sociaux y sont aussi pour beaucoup. « Le problème avec les médias sociaux c’est que les informations sont toutes mises au même niveau alors que dans les faits elles n’ont pas la même qualité ». Opinions et fausses informations partagent le même canal que l’information validée par un travail journalistique rigoureux.
Député du Parti québécois dans la circonscription de Jonquière, Sylvain Gaudreault est aux premières loges de l’impact des plateformes sociales numériques sur la sphère politique. « Il y a des commentaires qui se font sur les réseaux sociaux qui sont durs. Ce que je sens, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui s’expriment sur ces réseaux qui ne le feraient pas en personne ». C’est cet anonymat qui rend le climat politique tendu par moments entre élus et citoyens.
Le côté humain derrière le politicien
Bien que la critique fasse partie du travail de politicien, Sylvain Gaudreault affirme que le temps fait son œuvre dans l’apprentissage de la gestion des commentaires négatifs. « C’est avec le temps qu’on apprend à gérer ça […] À un moment donné, on rationalise, puis on est capable de faire la part des choses ».
C’est parfois les gens de l’entourage du politicien qui ont plus de difficulté à digérer les commentaires négatifs émis sur les réseaux sociaux selon M. Gaudreault. « C’est surtout plus dur pour les proches […] les proches trouvent ça difficile de voir autant de critique et de commentaires ».
Une population divisée
La polarisation des idéologies se fait de façon plus flagrante sur internet entre autres par l’application du concept de la chambre d’écho. « On peut facilement avoir l’impression qu’on est plusieurs à penser de la même façon parce qu’on s’abonne à du contenu qui rejoint notre opinion, mais dans la réalité ça ne représente pas forcément la proportion véritable des idées partagées », affirme Marie-Hélène Tremblay.
Ce phénomène est en partie responsable de l’accélération de la polarisation des discours et des idées divergentes au sein même de notre société. Le manque de nuance et l’extrémisme d’un côté comme de l’autre de l’axe politique s’en veulent grandement marqués.
L’éducation, une piste de solution
Marie-Hélène Tremblay est également d’avis que le système d’éducation au Québec fait peut-être défaut en matière d’enseignement du fonctionnement politique, mais surtout en ce qui a trait au rôle des citoyens dans une société politisée. Toutefois, la solution ne repose pas simplement sur le plan éducationnel des choses.
La spécialiste en sociologie affirme que la mentalité des politiciens devrait s’ancrer sur les raisons fondamentales de leur mission en politique. « Les élus doivent s’assurer de servir la collectivité et non de servir les gens qui ont voté pour eux dans le simple objectif d’être réélu », réaffirme Mme Tremblay.
Un système pour la population
Éduquer s’avère certainement une piste de solution, mais il ne s’agit pas de la réponse entière au problème de confiance. L’enseignante au Cégep de Jonquière relate qu’un système plus adapté à notre réalité permettrait probablement aux citoyens de renouer avec leur devoir politique. « Je pense qu’il faudrait voir à l’améliorer [le système politique] de sorte à ce que même les minorités puissent être représentées et desservies ».
De son côté, Sylvain Gaudreault est d’avis que les politiciens se doivent d’expliquer le fondement de leurs décisions afin d’assurer la cohésion et le bon fonctionnement politique. « Quand il y a un projet ou une décision d’annoncé, il faut que les gens comprennent le sens. Si les gens ne comprennent pas le sens, ils décrochent. Il faut expliquer pourquoi on va là, pourquoi on prend telle décision, sinon ça n’a aucun sens ».
Regagner la confiance
L’écoute, l’humilité, mais surtout la transparence sont des caractéristiques essentielles dans l’établissement d’un lien de confiance avec les gens selon M. Gaudreault. « La confiance passe par l’écoute, la transparence, l’authenticité et l’humilité. C’est comme ça qu’on va y arriver ».
La problématique est complexe, il ne faut donc pas s’attendre à ce que la solution soit simple et facile à dénicher. « Il n’y a pas de solution magique […] c’est un gros travail qui nous attend », a tenu à conclure Sylvain Gaudreault.