La souffrance et l’amour, les belles paroles et les sacres, l’espoir et la méfiance, l’histoire ancienne et le présent, toutes des choses que renferme le site patrimonial de l’église-Saint-Dominique. Une œuvre architecturale qui a beaucoup de choses à nous raconter, que peu sont prêts à entendre.
L’immensité du bâtiment peut être déstabilisante à première vue. Malgré le froid extrême qui gouverne le paysage extérieur, ce sont larmes chaudes des visiteurs qui en sortent qui retiennent l’attention. Des funérailles avaient lieu à l’église Saint-Dominique, un vestige de l’époque coloniale de Jonquière. Les clochers résonnent dans toute la paroisse pour célébrer la mort.
À l’intérieur, la salle est grandiose, en passant par les bancs jusqu’aux plus petites moulures de la pièce. Une abondance du symbole de la croix fait contraste avec l’immense pièce complètement déserte. Les énormes vitraux bleus et jaunes font entrer la lumière, tandis que les luminaires mettent en valeur l’autel situé au milieu de la scène. Au point le plus haut, Jésus-Christ étalé sur la Sainte-Croix observe les faits et gestes du modérateur de l’équipe pastorale, Louis-Marie Beaumont.
« Aujourd’hui on insiste beaucoup sur l’amour, j’ai eu faim, tu m’as donné à manger, j’ai eu soif, tu m’as donné à boire », ses paroles résonnent dans le bâtiment. « Il n’y en aura plus des assemblées où l’église va être pleine », raconte-t-il avec nostalgie.
Toujours le sourire aux lèvres, cet homme qui a dédié sa vie à l’Église raconte de quelle manière il a vécu les différents changements subis par la religion au fil du temps. Pour lui, la religion est synonyme d’amour, de paix et d’entraide. « Aimez, respecter, prendre soin, rendre service, c’est ce que Jésus finalement a demandé dans l’évangile ».
Si le christianisme au Québec a subi des changements, le sanctuaire, lui, est resté fidèle au poste depuis 1914. La discordance entre l’état des monuments et leur âge est flagrante. De grandes vitrines ne laissant entrer que la lumière les protègent pour les conserver intactes.
La gardienne qui veille à leur protection est Raymonde Desgagné ou communément appelée sacristine de la paroisse dans le langage religieux. Pour elle, le terme église a deux définitions distinctes. « J’ai 2 bâtisses, j’ai l’Église de mon cœur pis j’ai l’église où je travaille », explique-t-elle.
Cette dame, qui donne non seulement gratuitement de son temps à la paroisse, partage également sa joie de vivre avec les autres. Le 2551 rue Saint-Dominique est un endroit sacré qui occupe une place importante dans sa vie. « On forme une unité, une famille ensemble », en parlant de sa communauté.
Les bougies sont éteintes, les bancs sont vides et le silence résonne, mais les portes sont ouvertes à tous et les employés accueillent à bras ouverts ceux qui désirent s’y introduire.