Dans un après-midi d’hiver où l’air est tout aussi doux que crispant, je laisse ma voiture devant cette belle maison rouge de l’avenue Mcnaughton, à Alma. Je suis plus que prête à aller à la rencontre de l’inspirante femme qu’est Nabila Bedjbedj.
Son accueil reflète instantanément sa personnalité : enthousiaste, chaleureuse et bienveillante.
« Veux-tu un café? », me demande Nabila d’un ton convivial, alors que je suis à peine entrée à l’intérieur.
Habitant sa demeure depuis trois ans, l’immigrante française d’origine algérienne de 36 ans ne peut être plus ravie de son chez-soi et de son milieu de vie, ici au Lac-Saint-Jean.
Le salon est merveilleusement éclairé par la lumière du jour. De ces grandes fenêtres, il est possible de voir un quartier résidentiel tranquille, bercé par la froideur inhabituelle de cette deuxième journée de mars.
Agente de développement du service de mobilité et de recrutement international pour les centres de service scolaire de la région, Nabila entame sa première visioconférence de son après-midi, à 14h.
Auparavant travailleuse sociale, elle a par la suite œuvré dans des appartements supervisés pour les jeunes de la DPJ, avant de devenir agente d’intégration pour Portes ouvertes sur le Lac et pour Équipe Alma Lac-Saint-Jean. Un portfolio assez impressionnant, qui l’a éventuellement mené au poste qu’elle occupe maintenant.
Elle prend donc place à son bureau, pour une rencontre avec un couple français sur les possibilités qu’offre la région, ainsi que sur la démarche à entreprendre pour eux concernant leur immigration au Québec.
On voit la compréhension dans son regard et on entend l’assurance dans ses paroles et ses conseils. Ayant elle-même entamé un parcours similaire il y a déjà douze ans, sa profession lui va comme un gant.
« Je trouve que les gens, les gens qui font le choix de changer complètement de vie, de refaire une formation, t’sais ils ont du guts. Ce n’est pas pareil pour tout le monde, mais wow! », lance Nabila après l’entretien.
Une deuxième rencontre s’entame ensuite à 15h. Familiarité et complicité se forment rapidement entre l’agente et le deuxième couple, provenant aussi de France. Elle arrive à rassurer les amoureux sur certains points, en répondant à leurs questions calmement. Elle rend l’ambiance légère, tout en gardant son côté sérieux et professionnel.
« C’est beau de construire ce projet en famille et de se dire, c’est maintenant! Il y a une chose cependant qui est vraiment véridique, c’est que ceux pour qui il n’y a aucune période d’adaptation, ce sont les enfants! Eux, c’est impressionnant. Souvent ce sont les parents qui sont déstabilisés les premiers mois, parce que tout est différent ».
« C’est beau de construire ce projet en famille et de se dire, c’est maintenant! Il y a une chose cependant qui est vraiment véridique, c’est que ceux pour qui il n’y a aucune période d’adaptation, ce sont les enfants! Eux, c’est impressionnant. Souvent ce sont les parents qui sont déstabilisés les premiers mois, parce que tout est différent ».
J’écoute attentivement la conversation dont je suis le témoin. Elle raconte ce fait avec tellement de vivacité dans la voix, mais en même temps avec tellement de compréhension.
Puis, une fois la réunion terminée, c’est en enlevant ses lunettes de lecture qu’elle me regarde les yeux brillants d’admiration, et me dit « voilà, c’est ce que je fais! En plus, je rencontre toujours tout plein de belles personnes, c’est génial. Et ils étaient vraiment sympa eux! ».
Elle s’estime très chanceuse de pouvoir exercer le métier qu’elle fait et de faire découvrir une région dont elle est tombée éperdument amoureuse.
En un rire, elle s’exclame : « j’aime tellement ce que je fais, ça va être assez simple de répondre! En fait, j’ai développé un sentiment d’appartenance au Lac, à ma communauté. Les gens que je rencontre sont là pour enrichir notre région ».
Louis Cousin, son conjoint, prend place après une longue journée. Partageant sa joie de vivre contagieuse, il n’a pas su contenir son sarcasme.
« Nabila, c’est 150 projets… par heure ou par jour? », s’exclame-t-il plus haut à son intention.
Venant d’une famille modeste de France, elle a gravi les échelons pour se rendre où elle est aujourd’hui. Louis lui porte un regard rempli d’une admiration jamais vue.
« C’est l’humain qui est important pour elle, quoi qu’elle fasse ».
Un sourire espiègle aux lèvres, il poursuit : « elle cherche toujours à faire le bien autour d’elle, et ça il faut le comprendre, parce que normalement sur papier, son but, c’est d’amener des gens. Si seulement ça correspond à ce dont ils ont besoin et ce qu’ils veulent ».
Peu à peu, les rayons du soleil se tamisent à l’horizon. Avant de partir, Nabila me donne gentiment un sac de meringues provenant de leur boulangerie.
Donner. C’est bien le naturel de cette grande femme.