« L’astrologie a déjà été considérée comme une science, il y a longtemps, parce qu’à ce moment on ne définissait pas la science comme aujourd’hui », expose l’ex-astrologue, Serge Bret-Morel. Cette doctrine est considérée comme une croyance ou une pseudoscience, car elle ne consent pas aux critères actuels de la définition scientifique.
Astrologie traditionnelle ou populaire ?
« L’astrologie qui est populaire, qu’une grande partie de la population connait, voir même y adhère, c’est l’astrologie des douze signes astrologiques et elle est très différente de l’astrologie traditionnelle qu’un astrologue utilise pendant ses consultations », relève l’expert. Il ajoute que l’astrologie populaire n’est pas réellement de l’astrologie, considérant que ses représentations ne sont ni précises ni exactes.
L’ex-astrologue informe que l’astrologie populaire est plus axée sur le psychologique. En effet, la caractérologie des douze symboles astraux est bien définie et elle est utilisée par de nombreuses personnes pour tenter de comprendre le fonctionnement d’autrui ou de soi-même. Certains utilisent les ascendants, mais en grande majorité, les individus sont rangés seulement dans les douze signes du zodiaque.
Serge Bret-Morel compare cette dernière avec l’astrologie traditionnelle, celle que les astrologues utilisent. Pour les experts en la matière, la position du soleil n’est qu’un facteur parmi tant d’autres. Alors, le signe astrologique n’est pas une qualité importante pour déterminer la personnalité d’un individu. Lorsqu’un astrologue travaille sur le thème de naissance d’une personne, cette carte est complexe et peut même contredire la description du signe astrologique. Il y a non seulement la position du soleil, mais de toutes les planètes et également d’autres paramètres.
Comparaison entre la carte de naissance et le soleil du signe astrologique. Auteur : Serge Bret-Morel
Hautement présent
Notre société expose l’être humain, dès son plus jeune âge, à l’astrologie, soit par les horoscopes dans la presse ou les dossiers consacrés à chaque signe, qui créent une base de connaissances en astrologie populaire. Il arrive donc fréquemment qu’un enfant grandisse dans un milieu où l’on parle facilement de l’astrologie. Dès lors, ce sujet semble normal et sérieux aux yeux d’une personne qui ne s’y connait pas, c’est ce qui est appelé l’effet de simple exposition, précise l’ex-astrologue.
« Chez les jeunes, de dix à quinze ans, c’est une des premières disciplines qu’ils croisent et qui leur dit être capable d’expliquer comment ils fonctionnent », affirme Serge Bret-Morel. Lorsque l’individu commence à croire en l’astrologie et que ce domaine l’interpelle grandement, il peut s’autoprogrammer pour correspondre à son signe.
Sans oublier qu’il y a un manque d’information flagrant, considère l’ex-astrologue. « Je suis quelqu’un qui travaille en permanence dans l’analyse critique de l’astrologie. Je n’arrive pas à publier quoi que ce soit dans les médias, ils ont de la difficulté à publier de l’information critique de l’astrologie », relate-t-il. Le public a facilement accès au point de vue positif de ce domaine et lorsque quelqu’un croit en quelque chose, il est difficile pour lui de se documenter sur les points de vue critiques.
Des erreurs?
Serge Bret-Morel a perdu foi en l’astrologie lorsqu’il s’est rendu compte que beaucoup d’astrologues étaient en désaccord. Il mentionne qu’il a ainsi commencé à chercher les biais qui pouvaient se trouver dans ce domaine. En approfondissant ses recherches, il s’est rendu compte qu’un astrologue peut se tromper de date de naissance et la carte de celle-ci va tout de même fonctionner. « La carte de naissance ne sert pas à révéler quelque chose sur les gens, elle sert au contraire à inspirer les interprétations des astrologues », émet-il.
Dans le même sens, l’ex-astrologue exprime qu’il y a toujours plusieurs possibilités de positions des astres qui permettent une même interprétation. Ces fortes probabilités rendent banal le fait de trouver une interprétation qui correspond à la personne ou à un événement. « Le problème c’est que leur interprétation est biaisée, ils [les astrologues] sont piégés par leur système, car ils sont presque sûrs de réussir à l’avance », relève-t-il.
« Le problème c’est que si tout le monde se reconnait, ça ne devrait pas fonctionner », insiste Serge Bret-Morel en expliquant l’effet Barnum. Ce biais cognitif explique la raison pour laquelle un individu va se reconnaitre aussi dans une description des plus ordinaires. Bien que la plupart des lecteurs vont se reconnaitre dans cette définition, la personne reste persuadée qu’elle a été confectionnée pour elle.
L’ex-astrologue s’est également exprimé sur le biais de confirmation. Il développe qu’il y a beaucoup plus d’importance mise sur les résultats concluants que sur les résultats négatifs. En réalité, les astrologues ne vont pas tenir compte des résultats négatifs. Lorsqu’une bonne réflexion va ressortir de l’astrologie, les astrologues vont s’appuyer là-dessus et ne pas considérer les arguments inverses.
Et la psychologie
« L’humain en général n’aime pas le vide, il n’est pas à l’aise avec le vide, il ne compose pas bien avec cela » désigne la psychologue Lucie Vezina. Elle indique que l’astrologie vient combler ce vide sur une base quotidienne. Que ce soit vrai ou non, pour le cerveau il n’y a pas d’importance. Ce dernier a besoin d’être rempli, même sans certification de la véracité de ses pensées, le cerveau va émettre une réponse neurologique rassurante.
Quel que soit le type de personnes, il y a quatre situations universelles où le cerveau va être sur le système de défense, soit s’il n’est pas en contrôle, si c’est imprévisible, si c’est nouveau et si cela joue sur son ego. La croyance de l’astrologie vient calmer trois de ces situations. Vu que ce domaine donne des réponses déjà pensées, il n’y a pas d’aspect de nouveauté et d’imprévisibilité, ce qui donne un sentiment de contrôle. Il est donc important de comprendre que peu importe la croyance de celui-ci, l’être humain a besoin de s’y rattacher.