Si certains associent le début des années 90 à la dissociation de l’URSS, la libération de Nelson Mandela ou même à l’élection de Bill Clinton, d’autres l’associent aussi à la mort de l’industrie du vinyle en Amérique du Nord. Le vinyle connaît cependant un regain de vie depuis une dizaine d’années, prisé autant par les mélomanes que les nostalgiques en passant par la génération Z.
Fin connaisseur ou tout simplement amateur de musique, on peut autant sentir un vent de jeunesse qu’un air de nostalgie lorsque retentit la petite sonnette et que nos pieds franchissent le seuil de chez Jello Musique à Alma.
Propriétaire du magasin depuis maintenant près de 36 ans, Jello Villeneuve a consacré une bonne partie de sa vie à la musique. Il se souvient très bien de l’ascension du disque compact il y a maintenant une trentaine d’années de ça. Ce dernier avait cependant cru bon d’entreposer ses milliers de vinyles dans un entrepôt. Après plus d’une quinzaine d’années sans voir la lumière du jour, ses vinyles font maintenant la joie des consommateurs à la recherche de perles rares, à l’intérieur de son magasin considéré comme une référence en matière de musique au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
« Le vrai mélomane veut avoir quelque chose entre les mains, il ne veut pas avoir une clé USB ou bien un téléphone. Ce sont principalement les jeunes entre 18 et 35 ans qui ont fait revenir le vinyle en force », explique-t-il avec passion.
Cependant, il n’y a pas que les jeunes qui se prêtent au jeu. Certains collectionneurs en profitent pour agrandir leur collection. C’est le cas de Simon Côté, résident de Saint-Antonin, qui possède une collection de près de 50 000 vinyles. Celui qui amassait des lots de vinyles lors de son déclin souligne toutefois que seulement 10 à 15 000 sont de bons albums connus. Toutefois, il achète toujours aujourd’hui, certaines rééditions de vinyles qu’il possède déjà.
« Tu peux toucher à l’objet et tu as la pochette devant toi, c’est ça la beauté du vinyle. C’est un œuvre d’art ! C’est différent du CD où tu as seulement le boitier avec un petit carnet. L’action de déposer le vinyle, mettre l’aiguille et de l’écouter en regardant la pochette, c’est un rituel que les gens adorent », explique le collectionneur.
En passant de Michael Jackson à Pink Floyd à Adèle, les nouveaux albums et les rééditions se vendent donc comme de petits pains chauds. C’est toutefois le contraire pour certains disques qui sont recherchés en raison de leur rareté. C’est le cas de l’album pour enfant L’aventure de Wai Wai le castor canadien de Plume Latraverse paru en France au début des années 80 qui vaut présentement plus de 500 $.
Si la popularité des vinyles est bonne chose pour l’industrie musicale, plusieurs artistes ont toutefois beaucoup de difficulté à combler la demande, surtout depuis les derniers mois. Actuellement, le temps d’attente pour un artiste qui désire faire imprimer des vinyles peut être jusqu’à six mois. La principale cause de ce délai est la sortie de l’album 30 d’Adèle qui a monopolisé les producteurs en raison de la forte demande. De ce fait, certains groupes et artistes moins connus sont incapables d’en distribuer rapidement. C’est le cas du groupe Gazoline, qui lors du lancement de leur album Gazoline III, en novembre dernier, n’a pu distribuer les vinyles achetés au préalable par le public.
« Les petites fabriques indépendantes devraient plutôt fournir pour les projets indépendants et les petites maisons de disques, mais pour l’instant elles ne s’occupent que des grosses maisons de disques », explique Xavier Dufour-Thériault, chanteur du groupe Gazoline.
Alors qu’il retrouve presque sa popularité d’antan, le vinyle est maintenant de retour au grand plaisir des amateurs de musique. Alors tous, à vos aiguilles, car le vinyle n’a pas fait son dernier tour de table.