« Les prix affichés ne sont pas le problème […] c’est la surenchère qui est difficile », lance Maude Théroux-Joncas, une future acheteuse d’une propriété en Estrie. Afin de lutter contre ce phénomène, le Parti libéral du Québec (PLQ) s’engage à abolir le droit de mutation, communément appelé taxe de bienvenue, à l’achat d’une première maison, ce qui suscite des inquiétudes.
Ce revenu de taxation va directement aux municipalités, ce qui est un montant considérable pour ces dernières. « Le droit de mutation c’est 9 000 000 $ sur 365 517 800 $ de budget en 2021 », soulève la mairesse de Saguenay, Julie Dufour. Cela représente 2,46 % du budget total de la ville. Bien que Julie Dufour salue l’effort du PLQ, elle n’est pas persuadée qu’éliminer cette taxe soit la meilleure solution. « Rembourser les villes ça devient extrêmement compliqué. Donc, si l’individu paye quand même sa taxe de bienvenue et qu’il est remboursé sur son rapport d’impôt, je pense que c’est quelque chose de plus facile à mettre en place, mais il ne faut pas que les villes soient coupées de ce revenu-là », affirme-t-elle.
Cette idée n’est pas encore connue de tous les acheteurs, c’est le cas de madame Théroux-Joncas. « C’est sûr que j’ai déjà deux ou trois milles, pour ça, dans mon CELI. Savoir qu’ils veulent l’abolir, ça me fait plaisir, ajoute-t-elle, mais ce n’est pas un montant qui va changer ma décision. »
Le point de vue des banques est plutôt neutre à propos de cette promesse. « La taxe de bienvenue, on va en tenir compte majoritairement au niveau des liquidités que le client possède […] on la considère pour s’assurer qu’il a suffisamment de liquidités pour assurer les frais relatifs à l’achat de la maison », relate Frédéric Turcotte, spécialiste hypothécaire chez BMO. Bien que les acheteurs ne s’en plaignent pas, les banques, de leur côté, ne voient pas concrètement une différence dans leur milieu. « Le fait d’éliminer le droit de mutation, en fin de compte, ça ne change pas grand-chose sur la capacité d’emprunt d’un client, explique-t-il. À la BMO, on ne finance pas la taxe de bienvenue. »
Depuis 1992, les municipalités perçoivent obligatoirement le droit de mutation. Ce montant est un pourcentage qui varie selon la valeur de la propriété, soit entre 0,5 % et 1,5 %. Le marché immobilier atteint actuellement un sommet jamais vu auparavant.